Habiter autrement,
habiter durablement

©Olivier Papegnies

©Olivier Papegnies

Inspire fête son 100e numéro !
Deux années de rencontres passionnantes et enthousiasmantes où il fut souvent question du logement.
Habitats partagés, intergénérationnels, légers, autonomes... Rénovation durable ou petit coin de potager en ville...
On vous propose un large tour du propriétaire illustrant ces nouvelles façons d'habiter.

Reportage 

Gilles Toussaint, Charlotte Mikolajczak et Valentine Van Vyve

L'habitat partagé et intergénérationnel

Les habitats partagés et intergénérationnels fleurissent, en ville comme à la campagne, sous des formes diverses et variées, impliquant plus ou moins d'occupants. En faisant cohabiter étudiants et personnes âgées, « 1toit2âges » permet, par exemple, de rompre la solitude des aînés et de faciliter l’accès au logement pour les étudiants.

Animées par la volonté d'apporter des solutions tant sur le plan du logement que de la cohésion sociale, les « Maisons Lazare » bruxelloises accueillent de leur côté des personnes de la rue et des jeunes travailleurs. Les huit femmes et huit hommes qui vivent actuellement dans ces logements sont répartis en deux unités non mixtes (Etterbeek et Centre-ville), sous la coordination, pour chacun des hébergements, d'une famille y résidant.

©Alexis Haulot

©Alexis Haulot

Animées par la volonté d'apporter des solutions tant sur le plan du logement que de la cohésion sociale, les « Maisons Lazare » bruxelloises accueillent de leur côté des personnes de la rue et des jeunes travailleurs. Les huit femmes et huit hommes qui vivent actuellement dans ces logements sont répartis en deux unités non mixtes (Etterbeek et Centre-ville), sous la coordination, pour chacun des hébergements, d'une famille y résidant. « Le toit est le point de départ de tout le reste », commente Claire de Kerautem, directrice de « 1toit2âges » et organisatrice d'un colloque autour de la question du logement partagé et intergénérationnel.

«Leur redonner un toit permet d'initier une intégration socioprofessionnelle, et parfois de redonner le goût à la vie. »
Claire de Kerautem, directrice de « 1toit2âges ».

Au-delà du logement, l'objectif est de recréer un lien social, aujourd'hui distendu ou inexistant, notamment avec les habitants du quartier. Ils ouvrent donc leurs portes et organisent des activités à cette fin.

Sous d'autres latitudes, ce type d'habitations partagées entre publics différents a aussi le vent en poupe et vient répondre à des besoins existants. Dans les homes pour personnes âgées en Autriche, de nombreuses chambres doubles sont vacantes. Face à ce constat, le pays a développé un système permettant d'y accueillir des étudiants. En échange, ceux-ci consacrent quatre à cinq heures de leur temps par semaine à leur voisin : jouer de la musique, enseigner l'usage des nouvelles technologies ou simplement discuter. Ce qui importe, c'est le temps passé ensemble.

« On témoigne d'un impact fort de ces échanges sur la santé des personnes âgées. »
Claire de Kerautem.

Au Royaume-Uni, un programme de la chaîne de télévision Channel 4 ouvre également de nouvelles perspectives. La chaîne a filmé et diffusé une expérience scientifique qui consistait à faire venir des enfants de 4 ans dans une maison de repos. Les changements observés au fil des douze semaines ont été impressionnants, tant sur la santé physique que mentale des personnes âgées. « Stimulés par la présence des enfants, les aînés changeaient de comportement de jour en jour. Les réfractaires ont fini par jouer avec les enfants ; une personne qui ne marchait plus a fait quelques pas », relate Claire de Kerautem.

En Corée du Sud, devant le nombre croissant de personnes âgées, le gouvernement a décidé de faire du logement intergénérationnel une priorité et dégage pour cela des moyens financiers importants. Grâce au développement des infrastructures nécessaires, ils permettent aux aînés d'accueillir des étudiants chez eux.

Ces différents exemples illustrent l'impact social du logement partagé ou intergénérationnel. Dans tous les cas cités, la personne âgée ou vulnérable est revalorisée. « Les retombées positives, lorsque l'on mélange les générations, sont incroyables ! C'est scientifiquement prouvé », se réjouit Clair de Kerautem.

A Bruxelles, des logements pour toutes les bourses

Devant la flambée des prix de l'immobilier, devenir propriétaire de sa propre habitation en Région bruxelloise est un rêve devenu inaccessible pour les très nombreuses familles à bas revenus de la capitale. Grâce au Community Land Trust (CLTB), celles-ci ont désormais la possibilité d'acquérir un logement à un prix très inférieur à celui du marché.

Le principe développé est simple : grâce à un budget annuel de 2 millions d'euros financé par la Région bruxelloise, le CLTB peut acquérir des terrains. Il conserve la propriété du sol, considéré comme un bien commun, mais vend les logements construits ou rénovés sur ces sites à des personnes à faibles revenus. L'opération permet à l'acheteur de bénéficier d'une jolie réduction par rapport aux tarifs du marché puisqu'il ne doit pas s'acquitter du foncier.

« Les prix sont de 25 à 50 % inférieurs, selon les cas de figure. »
Geert De Pauw, coordinateur du CLTB

C'est notamment le cas de Bart, qui a pu acheter un appartement adapté à son handicap pour un prix correspondant à ses moyens.

Ce système permet de briser le cercle de la spéculation puisqu'il plafonne la plus-value de la vente à 25 % de la somme investie à l'achat. Le logement sera par ailleurs revendu à un autre membre du Community Land Trust. A cet égard, «toutes les personnes qui répondent aux critères pour avoir droit à un logement social à Bruxelles peuvent recourir au CLTB », souligne encore Geert De Pauw. Quatre catégories ont été définies avec des prix adaptés au niveau de revenus des candidats potentiels, à la faveur d’une mixité sociale souhaitée par le coordinateur du projet.

Retrouvez notre dossier complet.

A Tintigny, un terrain communal
pour l'habitat léger

Entre la sortie de Tintigny et l’entrée au Luxembourg, au poste frontière de Sterpenich, il faut compter par la route une petite trentaine de kilomètres. Bien suffisant pour que la pression immobilière grand-ducale y fasse des ravages importants. «Elle a d’abord touché Arlon, avant d’atteindre Attert, Etalle, Habay puis Léglise. Tintigny était la suivante sur la liste », affirme son bourgmestre Benoît Piedboeuf.

«Tant à la location qu’à l’acquisition, le marché immobilier n’a pas été épargné et est devenu inabordable pour les jeunes travaillant en Belgique comme pour les femmes seules avec enfants.»
Benoît Piedboeuf, bourgmestre de Tintigny


Et d’évoquer un loyer mensuel minimum de 750 euros pour une maison et des tarifs, pour les terrains à bâtir, débutant à 100 000, voire 150 000 euros. «Sans la moindre maison dessus.»

Il fallait faire quelque chose. Lors d’une discussion semi-informelle avec son directeur de l’urbanisme, l’idée de lancer une offre moins onéreuse sous forme d’habitat léger, de type yourte, containers, roulottes fixes en bois, a percé. C’est qu’il avait un sésame en poche : un terrain communal pouvant être mis à disposition du projet, idéalement situé à côté de la Halle de Han, un espace citoyen, solidaire, ouvert et durable, hébergeant artisans et producteurs locaux dans un esprit de marché fermier.

«A l’époque, la Région wallonne ne reconnaissait pas ce type d’habitat, pas plus qu’elle n’y voyait une solution à un manque d’offres accessibles, poursuit Benoît Piedboeuf. Mais j’avais l’aval théorique de l’urbanisme. Je me suis donc documenté. Sur l’offre existant ailleurs – tout le monde connaît le quartier des baraques à Louvain-la-Neuve, mais il en est d’autres , sur les règles de domiciliation dans un habitat léger – le principal écueil , sur le respect des normes PEB – l’habitat léger y souscrit-il ? , sur la demande potentielle émanant de personnes en difficulté, mais aussi de défenseurs convaincus de ce type d’habitat.»

«Cela a cheminé, sourit-il. J’en suis arrivé à la conclusion que si on n’a pas les moyens de sa politique, il faut avoir, comme on le dit, la politique de ses moyens.» L’idée a été lancée en 2015. Dans un premier temps, la commune a cherché un opérateur immobilier ou lié à la production d’habitat léger pour gérer le site et la quinzaine d’habitats qu’il pouvait supporter. Sans succès. L’idée de s’en charger elle-même s’est dès lors imposée. «C’est-à-dire mettre le site à disposition et le viabiliser, poursuit Benoît Piedboeuf, dans le cadre d’un partenariat avec Idelux, l’intercommunale de la province de Luxembourg.»

Un appel d’offre a été lancé que le bureau Impact (architecture et aménagement du territoire, Bertrix) a remporté. Le plan d’aménagement a été finalisé, qui va prochainement être déposé en vue de l’obtention du permis d’urbanisme. «Que j’aurai», assure le bourgmestre qui a déjà l’accord de la commune et de l’urbanisme. Suivra la viabilisation du site, qui sera légère : égouttage, alimentation en eau et en électricité, mais pas de voiries.

«Je veux montrer que c’est possible et même reproductible, en bonne intelligence urbanistique»
Benoît Piedboeuf

Benoît Piedboeuf évoque une inauguration en 2020.

Déjà le projet intéresse le monde associatif, d’une part, le monde universitaire de l’autre. Notamment au sein de la Haute école libre de Bruxelles Ilya Prigogine, dans le cadre de stages et de mémoires de fin d’études. Sur ses aspects juridiques, par exemple. Faut-il vendre ou louer les parcelles ? Ou faire un mixte ? Dans quel type de bail (emphytéotique, droit de superficie…) ? Sous quelle forme d’acquisition (Community Land Trust…) ? A quel prix ? «Car je ne veux pas marginaliser le lieu. Pas question d’en faire une réserve d’indiens. Et il faut que les habitats légers qui y seront érigés puissent changer de mains. Mais dans le respect de tous. Ce qui supposera peut-être l’établissement d’une charte.»

«Je ne m’inquiète en tous les cas pas du tout de son succès, conclut Benoît Piedboeuf. Les demandes affluent. Je peux remplir le projet sans problème. Et même deux fois plutôt qu’une.» Il a d’ailleurs des vues sur un autre terrain communal, à côté du bois du château de Rossignol, qui pourrait porter le même type de projet. A moins de déjà penser à agrandir la zone de la Halle de Han.

De paille et de bois, une mini maison passive et abordable

« Si ça peut en avoir l’air, ce n'est pas une cabane, ni même une cabane améliorée. C'est une maison, une petite maison, mais une véritable maison. » Vincent Mestdagh, administrateur de la société EcoLodge scrl, entend d'emblée dissiper les doutes. La coopérative wallonne a mis sur pieux son Wald-Cube. Installé à 45 centimètres du sol pour éviter de lourds travaux de terrassement, cette mini-maison est un habitat écologique, passif, et réalisé essentiellement avec des matériaux locaux, dont une grande partie de bois ardennais et de paille hesbignonne. C'est d'ailleurs l'alliage entre le bois et la paille qui confère au Walt-Cube son caractère novateur. Des murs en épicéa remplis de paille en guise d'isolant constituent un matériau permettant de survivre aux étés trop chauds et aux hivers rigoureux.

« Environ 40% des émissions de CO2 d’un pays comme la Belgique sont issus du secteur de la construction, pointe Vincent Mestdagh. En proposant un modèle d’habitat dans des matières durables, nous souhaitions proposer une alternative clé sur porte. » Et ce faisant, « démocratiser la construction écologique et passive ».

Le Wald-Cube, installé face au soleil auprès duquel il puise l'essentiel de son énergie, existe en trois dimensions : 44, 48 et 63 mètres carrés de surface habitable. Pour 60 000 euros au minimum, la coopérative souhaite proposer un produit fini et fonctionnel qui puisse être commandé, fabriqué et installé en quelques mois.

A l'avenir, le Walt-Cube ambitionne d'être complètement autonome en énergie, armé de panneaux solaires et surtout, c’est le grand défi, d’une bonne récupération et gestion des eaux.

Retrouvez notre dossier complet.

Un fil conducteur pour rénover par étapes

Que l'on soit jeune ou moins jeune, l'achat d'un logement à rénover s'avère souvent une aventure qui peut-être une source d'enthousiasme mais aussi... de grandes désillusions. Mettre une habitation ancienne au goût du jour, la rendre non seulement confortable, mais également « durable » est en effet un chantier de longue haleine qui demande souvent de lourds investissements. A défaut de disposer du budget pour réaliser tous ces travaux en un seul chantier, ceux-ci peuvent être étalés dans le temps. Un processus qui peut, si l'on n'y prend garde, se transformer en parcours du combattant.

« L'important, c'est vraiment d'avoir un fil conducteur de l'amélioration globale de son bâtiment dans le temps, aussi bien en ce qui concerne l'isolation et le chauffage, que l'électricité ou l'eau », conseille Jonathan Matthews, spécialiste de l'utilisation rationnelle de l'énergie à l'Institut de conseil et d'études en développement durable (Icedd). Pour vous y aider, poursuit-il, le plus simple est de faire réaliser un audit énergétique par un spécialiste. « En fonction des objectifs que vous vous fixez, cela permet de baliser le chemin à parcourir et de phaser intelligemment les travaux de rénovation. »

Une des premières étapes consiste généralement à rénover la toiture pour l'isoler de façon performante. Premier élément à avoir à l'esprit : autant faire les choses à fond. « C'est la mise en œuvre du chantier qui coûte cher. Mettre 40 cm d'isolant plutôt que 20 cm n'a qu'un coût supplémentaire marginal, donc autant le faire de façon à être 'à l’épreuve du futur' », insiste de son côté Yves Marenne, directeur scientifique de l'Icedd. Et ce futur c'est le « zéro carbone » à l'horizon 2050.

Les petits travaux win-win

Avant même de se lancer dans une rénovation lourde, une série de petits investissements très abordables peuvent être engagés sans hésitation, explique encore Jonathan Matthews.

Faciles à placer, des films isolants réfléchissants installés derrière les radiateurs permettent, par exemple, de limiter les déperditions thermiques vers un mur non isolé. Le gain n'est pas spectaculaire, mais il représente quand même potentiellement quelques dizaines de litres de mazout par année pour une poignée d'euros investis. Dans le même registre, l'isolation des conduites de chauffage qui se trouvent dans des espaces non chauffés offre aussi un bénéfice direct à peu de frais.

L'installation de vannes thermostatiques sur les radiateurs est également devenue incontournable, et plus encore celle d'un thermostat d'ambiance. « Celui-ci permet de moduler le fonctionnement du chauffage en fonction de l'occupation de l'habitation. L'important est d'assurer le confort du logement quand on est présent et d'éviter de chauffer quand il n'y a personne. Il n'est pas non plus nécessaire d'avoir 21°C pendant la nuit.»
Aujourd'hui, les thermostats intelligents que l'on peut piloter depuis son smartphone tendent à se généraliser. Ils sont compatibles avec la plupart des chaudières existantes et permettent une gestion très fine de son système de chauffage. « On peut clairement économiser jusqu'à 30 % d'énergie par rapport à un chauffage qui fonctionne en permanence. »

L'éclairage led, sans hésiter

Pour ce qui est des équipements électriques, il faut opter « pour les leds partout, sans hésitation », martèle M. Matthews. « On trouve aujourd'hui des ampoules adaptées à quasiment tous les appareils et la qualité de la lumière s'est aussi nettement améliorée ». Une vigilance sur les consommations en veille de tous les équipements électriques est également bienvenue, en recourant par exemple à des multiprises équipés d'un interrupteur.
Le gros électroménager, comme un congélateur et un sèche-linge, sont également à tenir à l’œil. L'association écoconso a d'ailleurs rédigé une fiche bien utile à ce sujet.

En ce qui concerne la consommation d'eau, le placement d'une chasse d'eau avec deux volumes différenciés (pour la petite ou la grande « commission ») et d'un pommeau de douche économique s'avèrent également être de judicieux placements...

La clef de la réussite: anticiper !

Si les conditions – techniques, urbanistiques, économiques ­ le permettent, une isolation des murs par l'extérieur constituera très probablement une étape ultérieure des travaux. Il faut donc l'anticiper quand on rénove la toiture, enchaîne Jonathan Matthews. Il faut ainsi prévoir un débordement des versants qui permettront d'éviter les ponts thermiques lorsque l'on procédera à l'isolation des parois murales. Une évolution qu'il faut également avoir à l'esprit lors du remplacement des châssis. « L'idéal est de pouvoir procéder à ce remplacement au moment où l'on isole la façade. Cela facilite un travail plus soigné, on obtient une isolation plus performante en réduisant un peu les coûts de main-d’œuvre », explique notre spécialiste.

Idéalement toujours, le remplacement du système de chauffage doit être envisagé lorsque les travaux sur l'enveloppe de l'habitation ont été réalisés ou dans la perspective de ceux-ci.

« L'installation de chauffage pourra alors être dimensionnée de façon précise en fonction des besoins thermiques du bâtiment, qui auront fondu si on a opté pour une isolation complète et performante », argumente M. Matthews.
Dans une habitation bien isolée, le choix de la pompe à chaleur avec un chauffage sol est sans doute la meilleure option. A fortiori si celle-ci est associée à des panneaux solaires photovoltaïques qui permettent de produire l'électricité, souligne-t-il. « Le prix de ces équipements a très fortement diminué ces dernières années, cela constitue un investissement intéressant. Si, en plus, on a la possibilité d'intégrer cette installation au moment de la rénovation de la toiture, c'est un pas à faire. »

Vivre en autonomie dans une maison-serre

Mieux qu'une maison, plus qu'une serre, il existe des « maisons-serres ». Le modèle le plus abouti en Belgique se trouve à Rekkem, en Flandre Occidentale. Son concepteur et occupant, l'architecte Koen Vandewalle, a déployé des trésors d'ingéniosité pour lui garantir une autonomie en énergie et en eau.

« La nature prend soin de nous. On a tendance à l'oublier. »
Koen Vandewalle, architecte de la maison-serre.

De l'orientation du bâtiment aux dispositifs de chauffage et d'aération en passant par le choix des matériaux, tout a été pensé pour favoriser l'harmonie entre l'homme et son environnement.

Le meilleur exemple en est l'usage qu'il a fait de la chaleur solaire. Les rayons du soleil pénétrant à travers les vitres de la vaste serre (quelque 360 m2 au sol, de 6 à 9 mètres de haut) frappent la façade sud de la maison, ossature de bois érigée sous le volume vitré. Ils permettent via des panneaux photovoltaïques connectés à des batteries d'eau salée, de chauffer les lieux -et de stocker ce qui n'est pas immédiatement utilisé. Ce « bâtiment à double peau » crée ainsi un microclimat autour des espaces de vie que sont la maison et le jardin-potager. Grâce à ce système, pour les habitants de cette construction neutre en énergie, c'est tous les jours le printemps.

Les chambres ont par ailleurs été emménagées en sous-sol, les plongeant dans une enveloppe qui leur garantit une chaleur plus ou moins constante toute l'année.

Retrouvez notre dossier complet.

Isoler ou produire son énergie autrement ?

A ses yeux, les temps ne sont cependant pas encore mûrs pour l'installation d'une (ou plusieurs) batterie(s) permettant de stocker l'électricité pour accroître son autoconsommation. « Cela reste très cher avec une rentabilité lointaine au stade actuel. Il y a clairement d'autres priorités à mettre en œuvre avant d'installer une batterie ». Ce qui n'empêche pas de prévoir, lors d'une première phase de rénovation, un espace et des possibilités de connexion en vue d'une installation future.
Pour un bâtiment partiellement isolé, une chaudière au gaz murale à condensation raccordée au circuit de radiateurs existant offre de bons rendements et reste à l'heure actuelle le choix le plus intéressant du point de vue économique, estime M. Matthews.

A court ou moyen terme, la donne pourrait cependant changer, observe pour sa part Yves Marenne. «Bien sûr, il faut aller le plus loin possible dans l'isolation des nouvelles constructions et il faut également rénover les habitations de manière à minimiser leurs besoins énergétiques. Mais les coûts des énergies renouvelables ont enregistré une dégringolade absolument stupéfiante et ils continuent à diminuer. Compte tenu de cette évolution, la question va se poser : quelle est la meilleure solution pour tendre vers un système énergétique globalement durable dans une rénovation ? Plutôt que de viser le passif ou le très basse énergie à tout prix, il pourrait être plus judicieux de produire son énergie autrement – une énergie décarbonée pour compenser ce que l'on ne peut pas réduire. »

Il faut se rendre compte que la transition énergétique va coûter beaucoup d'argent. L'important au final, c'est de ne pas émettre de CO2 et que ce soit accessible pour tout le monde. »
Yves Marenne, directeur scientifique de l'Icedd.

Enfin, même si elle n'est pas non plus la priorité, l'installation d'une citerne permettant de récupérer l'eau de pluie, quand la situation le permet, peut également être anticipée en prévoyant une réseau de distribution différencié lors de la mise à jour de la plomberie. Celui-ci permettra d'utiliser cette eau pour les toilettes, la lessive ou encore l'arrosage du jardin.

Et si "changer le monde",
ça commençait par moi ?

Julien Vidal s'est fixé un défi. Celui de réaliser une action écocitoyenne par jour afin de réduire son empreinte écologique. En choisissant de réduire sa consommation de ressources, c'est des économies d'argent qu'il réalise simultanément. Il existe de multiples manières d'y parvenir, avance le jeune Français.

Prenons les bonnes pratiques qu'il retient pour éviter le gaspillage d'eau : il propose de mettre une bouteille en plastique pleine dans le réservoir des toilettes. Ce simple geste lui permet d’économiser 3 285 litres d’eau par an, soit l’équivalent de seize baignoires. On ajoutera quelques conseils : couper l'eau lorsque l'on fait la vaisselle ou que l'on se brosse les dents ; privilégier la douche- limitée à 5 minutes- plutôt que le bain ou encore équiper le pommeau d'un limitateur de débit.

Enfin, Julien Vidal a chiffré à « au moins 200 euros par an », les économies faites en buvant de l'eau du robinet plutôt qu'en bouteille.

Retrouvez les conseils de Julien Vidal ici.

Cultiver son potager sur 1m2 en ville

Une des grosses contraintes à la culture potagère en ville, c'est le manque d'espace. Pourtant, «Oui, il est possible de cultiver sur une surface d'1m2, en pleine terre ou hors sol. Il est même aussi possible de cultiver sur son balcon ! », assure Sophie Maerckx, animatrice d'ateliers dans le cadre du programme « Cultiver en ville ». Le manque d'espace n'est donc pas une contrainte insurmontable à la culture potagère en ville.

Qui dit petite surface dit valorisation de l'espace pour le rendre le plus productif possible. La planification et la rotation des cultures sont donc importantes. Au printemps, on plantera par exemple radis, laitues, roquette et épinards. Au début de l'été, le potager laissera place aux légumes-fruits : des tomates et des courgettes. « On évite les potimarrons qui demandent un développement trop important, ou les aubergines et les poivrons qui sont compliqués à faire pousser hors-serre à Bruxelles », précise Sophie Maerkx. A la fin de l'été, on fera la part belle aux choux frisés, épinards et radis d'hiver et à la mâche. « Une attention particulière doit être donnée à l'ensoleillement et au substrat », ajoute la formatrice.

Jean-Luc Flémal

Jean-Luc Flémal

Pas de légumes sans compost

Une fois le bac potager monté (construit par vos soins à l'aide de palettes en bois ou acheté dans le commerce), place au terreau. « Par souci environnemental, on encourage des alternatives au terreau de tourbe, comme celui à base de fibres de coco. »

Mais avant de planter, il faut faire attention à la qualité du substrat. « Quand on commence un potager, surtout en hors-sol, on pense qu'il est suffisant de remplir le bac de terreau et de se lancer. C'est un matériau excellent pour la culture mais il ne fournit pas suffisamment de nutriments pour la plante », avertit la formatrice. L'essentiel complément, c'est le compost. « Le mélange idéal est composé de 2/3 terreau et 1/3 de compost », précise Sophie Maerckx. Où le trouve-t-on ? Comment le produit-on ?

Pour ceux qui n'ont pas un grand jardin, il existe une centaine de composts collectifs à Bruxelles. Ils se situent dans des jardins collectifs ou dans des espaces que les communes mettent à disposition des collectifs citoyens. « Worms asbl accompagne ces composts, de même que le réseau de 'maîtres composteurs' existant à Bruxelles », renseigne la formatrice.

Il est aussi possible de faire du compostage à l'intérieur même de son appartement grâce au vermicompostage.

« C'est un système composé de bacs superposés et de vers spécifiques qui dégradent la matière organique. On peut acheter le dispositif ou le bricoler soi-même. »
Sophie Maerckx

Le compost, on peut aussi l'acheter en sac. Il a le désavantage d'être stérilisé et standardisé. Enfin, « il existe des mélanges tout fait 'terreau-compost' dans des jardineries spécialisées dans la culture biologique comme la Ferme No pilifs », précise Sophie Maerckx.

Ramener la culture en ville est primordial, juge-t-elle. D'abord parce que ces cultures potagères accroissent l'autonomie alimentaire de la ville, ceci avec une « alimentation de qualité, sans pesticide, saine et particulièrement fraîche ». Elle donne accès à des variétés que l'on ne trouve pas dans le commerce, à une diversité de formes, de couleurs et de goûts. Cultiver, c'est une « façon de se connecter à la nature et au cycle des saisons. La science à clairement établi que le fait d'être en contact avec la nature et de faire son potager notamment, a des bénéfices sur le plan physique, psychique et mental, et est un facteur de bien-être important ».

Enfin, « dès qu'on installe du végétal en ville (à vocation alimentaire ou pas), on a impact positif sur la biodiversité et on améliore la régulation de la chaleur ».

Des poules en location ramènent
la nature en ville

« L'élevage de poules correspond bien aux petits espaces urbains ». Devant ce constat, Alice Retorre a créé Cocottes-minute, une structure mettant en location des poules ainsi qu’un poulailler pliable et du matériel d’alimentation et de litière. Les hôtes les accueillent pendant un mois renouvelable. Ils peuvent les observer manger les déchets ménagers, remuer le compost autant qu’elles l’enrichissent, nettoyer les jardins et pondre quotidiennement un œuf chacune. Elles sont ainsi un moyen d'éveiller à nos modèles de production et de consommation.

«Plus qu’un objet d’amusement, les poules peuvent être de fantastiques instruments pédagogiques.»
Alice Retorre, fondatrice de Cocottes-minute

Elles amènent une certaine sérénité dans les foyer en même temps qu'elles « ramènent une part de nature en ville en démystifiant les choses et en faisant tomber les peurs, cela fait partie aussi de ce que l'on recherche au moment où on a quelque peu perdu ce lien et la connaissance du plus petit bétail. »

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