Et si changer le monde "ça commençait par moi" ?

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« Soyez le changement que vous voulez voir dans le monde ». Avec son projet « Ça commence par moi », Julien Vidal a repris à son compte la maxime de Gandhi.
Son défi ? Réaliser une action écocitoyenne par jour afin de réduire son empreinte écologique.

Par Camille Delannois

« Saviez-vous qu’être écolo rend heureux ? À l’opposé du tableau noir qu’en dresse l’écologie punitive et culpabilisante, j’ai découvert que se soucier de la planète peut être source de bien-être. » Puisqu'il regrette « qu’on ne le lui ait pas dit au moment de mon déclic écocitoyen », lui ne se prive pas pour partager son expérience. Il le fait notamment dans son récent ouvrage « Ça commence par moi ».

En 2016, après avoir constaté les conséquences du réchauffement climatique dans les régions du Sud, le jeune trentenaire se demande quelle est sa responsabilité personnelle dans la crise environnementale. Dans la foulée, il se lance ce défi : accomplir un éco-geste par jour pendant un an.

Grâce à ses petites actions quotidiennes, Julien économise du temps et de l’argent, « près de 300 euros par mois, soit 3 600 euros par an ! », précise-t-il. Pour y parvenir, nul besoin de dire adieu à la modernité. « Je continue à vivre de façon normale. Lorsque l’on me croise en rue, on ne peut pas voir à ma tête que j’ai divisé mon empreinte écologique par cinq. »

Alors qu’un Français émet, en moyenne, neuf tonnes de CO2 dans l’atmosphère chaque année, Julien n’en émet plus que deux, grâce à des gestes simples et facilement applicables dans la vie de tous les jours.

Comment réussit-il cette prouesse ? En se posant les bonnes questions et en se réappropriant son quotidien, résume-t-il. « Je me suis rendu compte, que dans la vie, on faisait beaucoup de choses par habitude ou parce que nos parents le faisaient. »

Questionner ses actes et sa routine est la première étape du changement, peut-être la plus cruciale mais aussi la plus compliquée.

Doucement mais sûrement, c’est comme cela que Julien concrétise son projet. « Rien ne m’a semblé difficile ou insurmontable, j’ai commencé avec les actions les plus logiques et évidentes à mettre en place. »

« L’important est d’agir même si la solution parfaite n’existe pas car l’important est d’avancer. »
Julien Vidal

En atteste sa première action, simple et efficace : le "stop pub". A coller sur votre boîte aux lettres, il permet d’éviter un gaspillage de 40 kg de papier par an. « Souvent les gens reviennent vers moi pour me dire ‘ça ne fonctionne pas je continue à recevoir des publicités’. Je leur demande donc si ça ne fonctionne pas ou si ça ne fonctionne pas parfaitement ? Ils réalisent alors qu’ils en reçoivent moins. Rien n’est parfait mais l’imperfection ne justifie pas l’inaction ! »

Au terme de son année de défi, Julien a ainsi recensé, sur son site, les dix actions qui ont, pour lui, « le plus de sens ». Il insiste, elles n’ont pas été choisies de manière rationnelle ou scientifique mais sur base de son expérience.

« Si ces 10 actions étaient réalisées par tout le monde on aurait un changement de société radical. »
Julien Vidal

« La manière de se déplacer, de gérer notre argent, de manger, de consommer, … cela repose sur une société plus juste et durable et la transition, elle passe par là. »

Eau et énergie : économies de ressources et d’argent

Il existe de multiples manières de faire simultanément des économies de ressources et d’argent.
Parmi les bonnes pratiques pour éviter le gaspillage d'eau, il propose de mettre une bouteille d’eau en plastique pleine dans le réservoir des toilettes. Ce simple geste permet d’économiser 1,5 litre à chaque fois qu’on tire la chasse. Quand on sait qu’une personne utilise les toilettes, en moyenne, six fois par jour, le calcul est vite fait : neuf litres d’eau en moins par personne et par jour, soit une économie de 3 285 litres d’eau par an, l’équivalent de seize baignoires.

Dégivrer son congélateur tous les trois mois environ permet également d’améliorer le rendement de votre appareil et donc d’économiser de l’énergie puisque, prévient-il, « trois millimètres de givre suffisent à diminuer le rendement de votre appareil de 30%. »

Prêter attention aux étiquettes énergie permet également d’économiser sur le long terme. Ces étiquettes (A+++ à G) renseignent sur les consommations d’énergie de chaque appareil et tiennent compte des progrès en matière de performances énergétiques.

Enfin, Julien a décidé de changer de fournisseur d’électricité pour s’approvisionner en énergie verte (électricité 100% renouvelable). « Ça coûte environ 10 euros de plus qu’un fournisseur classique », mais l'effort est rendu possible par les économies réalisées par ailleurs en matière d’énergie.

Ces petits gestes à l'impact significatif sur votre porte-monnaie : 

En buvant de l'eau du robinet, une personne économise au moins 200 euros par an.

Ne pas utiliser de sèche-linge permet d'économiser environ 50 euros par mois pour deux personnes ;

Eteindre ses appareils en veille, grâce à une multiprise on/off : 80 euros par foyer ;

Remplacer ses ampoules par des modèles LED permet d'économiser 30 euros par an et par appartement. Une ampoule LED, pour le prix de deux halogènes, consommera six fois moins et durera cinq fois plus longtemps.

Selon l’ADEME, l'Agence française de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie, si tous les ménages français qui s’équipent en nouveaux appareils choisissaient les plus économes, on économiserait 4,9TWh/an, soit autant que la consommation d’électricité domestique de 2 millions de personnes. Sur la durée de vie des équipements, l’économie pour un foyer peut aller jusqu’à 3 000 € sur la facture d’électricité.

Consommer et se nourrir

A la fin de son année de défi, Julien se sent en meilleure santé qu’auparavant. Devenu végétarien, il ne pousse cependant pas ceux qui ne s'en sentiraient pas tout à fait prêts à suivre le même chemin, mais il leur signale qu' « un excellent premier pas serait de ne pas manger de viande un jour sur la semaine par exemple. » L’action, plutôt que la perfection. « De plus, il vaut mieux manger un steak de bonne qualité plutôt que sept mauvais donc allez chez un boucher et pas dans une grande chaîne. »

Il a en effet tourné le dos à la grande distribution. Désormais, il concentre sa consommation dans les marchés coopératifs et c’est, selon lui, l’action qui a eu le plus gros impact sur sa vie.

« Non seulement on rencontre les gens du quartier mais on se réapproprie les produits que l’on consomme. »
Julien Vidal

Des produits locaux, bio et en vrac qui lui permettent de «  savoir ce qu’il y a réellement derrière le produit. »

Manger de saison a aussi un véritable impact sur notre planète, « cela semble basique pourtant beaucoup semblent avoir oublié que les fraises, ce n’est pas toute l’année ». En respectant le rythme de la Terre, il n’est pas nécessaire d’utiliser des produits chimiques et des litres d’eau pour faire pousser des fruits et légumes, ni du pétrole pour les importer. « Acheter du bio dans les enseignes spécialisées me coûte environ un tiers de plus que d'acheter mes produits dans les supermarchés classiques. Sur un mois, le budget augmente d'environ 30 euros par personne pour adopter la bio-cohérence ! On parle de produits bio, mais aussi plus locaux et plus respectueux de ceux qui les produisent. »

Limiter ou valoriser les déchets

En évitant les grandes chaînes de magasin, Julien a automatiquement réduit ses déchets en éliminant les emballages superflus. « Remplir moins vite son sac poubelle permet aussi de faire de économies », argumente-t-il.

Selon le service public fédéral environnement belge, chacun de nous produit quotidiennement environ 1 kg de déchets ménagers. Pourtant, un tiers de notre poubelle est constitué de déchets organiques qui pourraient être revalorisés en compost (découvrez les composts de quartiers en Belgique).

A la maison, au travail, … partout où il passe Julien prête attention à son empreinte écologique : utiliser des mouchoirs en tissu plutôt qu’en papier ; prendre une gourde au travail ou un thermos pour son café plutôt qu’un gobelet jetable.

« Une bouteille en plastique en moins tous les jours, c’est une sacrée aubaine pour l’environnement. Chaque année, ce sont plus de 480 milliards de bouteilles qui sont vendues dans le monde ».

Malgré l'ampleur de la tâche, l’inspiration ne lui a jamais manqué. « Désormais, il n’y a plus rien à inventer, il y a déjà une multitude de solutions proposées, il faut ‘juste’ les mettre en œuvre », dit-il. Aujourd’hui, Julien en est à son 424e éco-geste grâce à l’aide d’autres personnes, qui, via son site, lui proposent de nouvelles idées. Son objectif ? Arriver à 500 actions citoyennes et « montrer les différents moyens d’agir pour rendre le monde meilleur ».