Les perles du tourisme égyptien sont-elles toujours à la dérive?

Victimes d'un déclin touristique vertigineux, les villes balnéaires de Hurghada et de Charm El-Cheikh commencent à renaître

"Cette terrible journée"

Alors que le printemps arabe de 2011 pèse encore sur le tourisme, les menaces terroristes viennent assombrir la carte touristique de l’Égypte.

Nichées entre le désert du Sinaï et la mer Rouge, les villes balnéaires de Charm El-Cheikh et de Hurghada ont été aussi impactées par ces sombres événements.

  • A Charm El-Cheikh, l’explosion d’un avion russe a porté un coup de grâce au tourisme en 2015. Revendiqué par l’organisation État islamique, cet attentat a fait fuir du jour au lendemain les vacanciers russes, alors qu’ils représentaient les principaux touristes du complexe hôtelier Cleopatra Luxury Resort, situé dans la baie de Nabq.

    "Je me souviens de cette terrible journée", raconte Dina Zakaria, directrice régionale de relations publiques du Cleopatra. "Nous étions à 95% d’occupation de l’hôtel durant la journée. Le soir, l’hôtel était complètement vide", poursuit-elle.

    "Après cet attentat, nous étions à seulement 15% d’occupation l’année qui a suivi", explique-t-elle en se rappelant cette période difficile. Plus d'une trentaine de complexes hôteliers ont été forcés de fermer.

    Bien que l’attentat de 2015 se soit produit à Charm El-Cheikh, la ville de Hurghada, qui est située à 750 kilomètres, a également souffert. De plus, cette station balnéaire a connu son propre lot de catastrophes. Notamment, la mort suspecte d’un couple de touristes britanniques dans un hôtel en août dernier.

    Face à la disparition de milliers de vacanciers, ces deux villes, qui vivent exclusivement du secteur touristique, arrivent-elles à se relever aujourd'hui ?

  • Le retour de Charm El-Cheikh

    Aujourd’hui, le Cleopatra Luxury Resort renaît de ses cendres. Les bars et restaurants de la plage de Nabq Bay ne sont plus désertés. Même si les transats blancs soigneusement apprêtés au bord de la plage ne sont pas tous remplis, plusieurs vacanciers profitent du soleil de ce mois d'octobre, cocktail à la main, loin du bain de foule d'autrefois. 

     "Le complexe hôtelier est désormais rempli en moyenne à 85-90 %", assure Dina Zakaria.

  • "Il faut investir, croire dans le projet", relève Christian Fuchs, le directeur général depuis 2015. En cours de construction, le nouvel hôtel "Sharm aquarium" verra le jour fin 2019, 209 nouvelles chambres seront disponibles. Fin 2018, un Spa proposera également ses services aux clients de l'hôtel.

    "Des attentats, il y en a partout. A Bruxelles, à Londres… Il ne faut pas que la peur nous paralyse", souligne le directeur autrichien, qui indique que leurs touristes numéro 1 sont désormais les Belges.

  • Hurghada,
    après la tempête

    Face à un contexte délicat, les complexes hôteliers de Hurghada tentent, tant bien que mal, de se relever et de mettre en place des stratégies pour regagner le coeur des touristes.

  • Le all-inclusive, soit "séjour tout compris", est actuellement une formule très pratiquée en Egypte. Le prix du séjour inclut ainsi la chambre, la nourriture, les boissons et une sélection plus ou moins importante d’activités.

     "Le all-inclusive est une nécessité mais notre objectif sur le long terme est la demi-pension pour améliorer la qualité de nos produits et permettre aux commerces locaux de vivre", indique Peter van Lieshout, le directeur général du Cleopatra Makadi Bay.

    Preuve de la relance touristique, le Cleopatra d'Hurghada investit aussi massivement : 108 nouvelles chambres à partir de mi-2019. Deux nouveaux complexes hôteliers verront également le jour d'ici fin 2019 : à Marsa Alam et à Marsa Matruh.

    En Egypte, le nombre de touristes avait chuté en 2016 à 5,4 millions. Un nombre qui a presque doublé en seulement un an : ce sont désormais 8, 2 millions de touristes qui choisissent comme destination de vacances les terres des Pharaons, à l’ombre du fléau du terrorisme.

  • La plongée,
    un atout touristique de taille

    "Un instant de pur bonheur et de liberté" : voilà ce que retiendront les vacanciers pour leur première plongée dans les eaux cristallines de la mer Rouge. Réputés mondialement, les sites de plongée de Charm El-Cheikh et de Hurghada proposent une expérience hors du commun.

  • Malgré son succès et le retour progressif des touristes, la mer Rouge s’est vidée de ses nombreux plongeurs et snorkeleurs, des nageurs avec masque, palmes et tuba, après les attentats.

    "Autrefois, les bâteaux abondaient sur ce site de plongée ‘Tiran Island’. Tout était rempli", se souvient Sabeer, plongeur professionnel qui exerce depuis une dizaine d'années sa passion à Charm El-Cheikh.

    Avant 2015, cet Égyptien originaire du Caire donnait des cours de plongée à 200 vacanciers par jour. "Aujourd’hui, le chiffre est descendu à 20 personnes", regrette-t-il. Mais Sabeer est convaincu que les touristes vont revenir : "Les coraux sont exceptionnels. Je crois énormément au potentiel de ces récifs." Malgré la diminution du nombre de touristes, à aucun moment, ce moniteur de plongée n’a envisagé de quitter Charm El-Cheikh. 

    Il est persuadé que ce n’est qu’une question de temps avant que les vacanciers reprennent confiance en l’Egypte. "Cet endroit est tellement unique", ajoute-t-il le regard fixé sur l'épave d’un navire échoué en 1984.

  • Après le départ des milliers de touristes, les organismes marins de la mer Rouge se sont reconstruits en partie. "De nouvelles espèces ont ainsi vu le jour", indique Barney Seier, biologiste marin qui étudie la faune et la flore marines de Makadi Bay, à Hurghada.

  • Les autres incontournables

    Découverte du désert du Sinaï en quad

    Sensations de liberté et de vitesse assurées: le quad est tellement facile à utiliser qu’il ne suffit que de quelques minutes avant d’oser se lancer à l’assaut des dunes. Une plongée au cœur du désert du Sinaï, sur fond d’un éblouissant lever de soleil. Petit conseil : n’hésitez pas à changer de monture durant la journée et poursuivre votre excursion à dos de dromadaire.

    Sainte-Catherine, sur les traces de Moïse

    Situé à 3 heures de voiture de Charm El-Cheikh, le monastère de Sainte-Catherine est encerclé par les roches granitiques, taillées par le vent du Sinaï. C’est dans ce lieu de culte orthodoxe que Moïse aurait rencontré Dieu sous la forme d’un buisson ardent, brûlant sans se consumer. Inscrit au patrimoine mondial de l'Humanité établi par l'Unesco (depuis 2002), il s'agit également du plus ancien monastère encore en activité.

    La chicha, ce symbole de la vie sociale égyptienne

    C’est l’objet phare du mode de vie égyptien. Menthe, pomme, melon… ces quelques bouffées de fumée parfumé nous plongent dans un moment hors du temps, un instant complet de zénitude. Perché sur la falaise, le Farsha Café propose une des plus belles vues de Charm El-Cheikh. Très fréquenté par les Egyptiens, ce "café" est l’occasion de se détendre dans les canapés, chicha à la main, et de discuter autour d'un thé à la menthe, dans une ambiance aux saveurs orientales.

    Le foul, un régime riche en protéine

    Afin de tester les plats typiques égyptiens, rendez-vous à Dahab, ancien repère hippie. Des restaurants, situés en bord de mer, proposent une atmosphère très décontractée, dans un décor authentique du Moyen-Orient. Et pour couronner le tout de cette zénitude absolue: "No woman no cry" de Bob Marley comme fond musical.

    Au menu : choisissez le foul égyptien. Souvent préparé en guise de petit-déjeuner, ce plat national, certes copieux, est composé de fèves, sel, poivre, jus de citron, oignon et ail. Bref, un régime rempli en protéine et épicé pour bien démarrer la journée et la suite des activités.

    Informations pratiques

    Destination Charm El-Cheikh 

    Les compagnies aériennes disponibles sont EgyptAir, Ryanair, TUI, Pegasus Airlines, Turkish Airlines. Rendez-vous à l’aéroport de Bruxelles ou de Charleroi. Le vol direct dure environ 4H30. Quatre vols sont prévus par semaine. Le prix du billet aller-retour se situe aux alentours de 350 €.

    Destination Hurghada 

    Les compagnies aériennes disponibles sont EgyptAir, Ryanair, TUI, Pegasus Airlines, Turkish Airlines. Rendez-vous à l’aéroport de Bruxelles ou de Charleroi. Le vol dure environ de 4H50 et est prévu deux fois par semaine. Le prix du billet aller-retour se situe à moins de 350 €.

    Cleopatra Luxury Resort