À Schaerbeek, ça survole bas
Avec ses 130.000 habitants, Schaerbeek est la deuxième commune la plus peuplée de la Région bruxelloise. Elle est aussi l'une des plus touchées par les nuisances sonores causées par le survol des avions.
Le dossier a pris une telle tournure communautaire que la paralysie s'est installée. Résultat : aucune solution durable n'a été mise en place. Pourtant, des alternatives sont proposées par des citoyens, des professionnels de l'aviation et même des politiques.
Chapitre 1
Les habitants de Schaerbeek
“Le plus dérangeant, ce sont les routes d’atterrissages 07 parce que le survol se fait en file indienne à raison de plus d’un avion toutes les minutes.” Ghislaine Weissgerber habite près de la gare de Schaerbeek et elle n'en peut plus. “Il faut compter parfois, dans les pires moments, 60 avions par heure qui atterrissent à très basse altitude au-dessus de notre terrasse et ça dure jusqu'à 1h30 du matin. Après, de 3h à 5h, les atterrissages se font moins nombreux. Mais, à 6h, ça recommence d’une manière beaucoup plus intense.”
Dans son rapport de l'année 2018, le service de médiation fédéral de l'aéroport recense 77.640 dossiers introduits par 707 riverains dans la Région de Bruxelles. Schaerbeek est la deuxième commune d'où émanent le plus de plaintes (7.071 déposées par 94 personnes), derrière Woluwe-Saint-Pierre (10.326 par 115 personnes).
Mais quelles sont ces fameuses routes qui survolent Bruxelles ?
Chapitre 2
Les nuisances sonores
Lorsqu’un avion traverse le ciel, plusieurs facteurs ont une incidence sonore sur les personnes survolées : l'altitude, les turbulences de l'air, mais aussi le moteur et le modèle de l'appareil. Depuis de nombreuses années, les constructeurs aéronautiques investissent de manière conséquente dans des avions capables d'émettre un minimum de nuisance sonore.
L'aéroport de Bruxelles-National fait figure de mauvais élève en Belgique, car les routes empruntées maximisent le nombre de personnes impactées par ces nuisances sonores. À l'inverse, Charleroi et Liège ont mis en place un système de routes qui permet aux aéroports de se développer en touchant le moins de riverains possible.
Une des sources principales de bruit
Les nuisances sonores engendrées par les avions font partie de celles qui sont les plus endurées par les Bruxellois. Sur son site internet, l'institut régional Bruxelles Environnement fait référence à un rapport de 2016 qui mentionne que "5,1% de la population subit un niveau sonore (Lden) moyen supérieur ou égal à 55 dB(A) dû aux avions de jour et de nuit”. Ce niveau de décibels est similaire à celui d'un lave-linge.
Dans le livre “Silence, on vole”, Jean-Louis Migeot, professeur d’acoustique à l’ULB, signale que 9000 riverains sont susceptibles d'être soumis à des nuisances sonores supérieures aux normes de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS). Le professeur explique que cette partie de la population subit des niveaux moyens supérieurs à 65 dB(A) en journée, soit le bruit d'un téléviseur. La nuit, le nombre de décibels descend à plus de 55 dB(A). Or, l’OMS recommande de maintenir le niveau sonore moyen produit par le trafic aérien en dessous de 55 dB(A) en journée et de 44 dB(A) la nuit.
En Belgique, les normes de bruit sont contrôlées par les Régions. Au total, Bruxelles Environnement a placé neuf stations de mesure. Chaque mois, l’administration régionale croise les données recueillies par les sonomètres et les compare avec la liste des avions qui ont effectué un décollage ou un atterrissage à l’aéroport de Bruxelles-National. En cas d’infraction, Bruxelles Environnement rédige un procès-verbal contre les compagnies aériennes en infraction.
Les zones de bruit à Bruxelles
Le survol fait l’objet, depuis 1999, d’un Arrêté du gouvernement bruxellois relatif à la lutte contre le bruit généré par le trafic aérien. Cet Arrêté définit les normes de bruit à respecter au sol.
Celles-ci divisent Bruxelles en trois zones de bruit maximal lors du survol. En journée (7h-23h) / la nuit (23h-7h) :
- Zone 0 : 55 dB (A) / 45 dB (A)
- Zone 1 : 60 dB (A) / 50 dB (A)
- Zone 2 : 65 dB (A) / 55 dB (A).
Mais, selon Jean-Louis Migeot, le bruit autour d’un aéroport ne se propage pas de manière régulière. Il se répartit plutôt suivant des zones qui sont orientées dans l’axe de la piste. D’une certaine manière, le bruit va suivre l’avion. Il sera très fort quand l’appareil est bas, puis il va progressivement diminuer au fur et à mesure que l’avion prendra de l’altitude. “À Bruxelles, le pouvoir politique a plutôt préféré définir des zones qui sont des cercles centrés sur l’aéroport, comme si le bruit se distribuait dans toutes les directions possibles”, s'étonne-t-il.
Un plan d’exposition au bruit
Jean-Louis Migeot explique que “Bruxelles est coincée dans un choix qui, d’un point de vue technique, n’a aucune légitimité ni aucune pertinence. Ces zones de bruit datent de 1999, c’est vraiment ancien. Si ces zones font l'objet d'une révision, ça fera un tollé. La population va penser qu'il y a manipulation. Or, ce sont juste des arguments tout à fait légitimes pour redéfinir des zones, qui vont correspondre à ce qu’on appelle un plan d’exposition au bruit”.
Un plan d’exposition au bruit est un document qui tient compte du trafic aérien estimé à moyen terme et qui fixe les mesures en faveur des riverains. Ce plan est calculé sur base de prévision du trafic, soit d’un outil qui est utilisé au niveau mondial et qui va recueillir différentes informations telles que le nombre et le type d’avions, les conditions météorologiques moyennes…
Ce plan est notamment utilisé en France ou à l’aéroport de Charleroi. Il peut d’ailleurs être assimilé à une carte de bruit, comme celles que produit Bruxelles Environnement. “Pour moi, il faudrait que Bruxelles s’inspire de ce qui a été fait au niveau wallon en mettant en place un plan d’exposition au bruit qui définisse des zones A, B, C, D comme tous les aéroports du monde”, explique Jean-Louis Migeot.
Chapitre 3
Les normes de vent
En Belgique, la direction du vent provient majoritairement du sud-ouest. En pratique, les vents dominants actifs sur le territoire belge passent entre l’axe de la piste 19 et celui de la piste 25. Depuis de nombreuses années, un choix politique a privilégié l’emploi des pistes 25, car elles se situent très légèrement à droite du vent. Le dégagement des avions se faisait donc par le nord de Bruxelles, très peu construit à l’époque.
Le Preferential Runway System
Comme l’indique le site internet de Skeyes et de Brussels Airport, “les autorités fédérales ont défini un système d’utilisation préférentielle des pistes. Ce système détermine les pistes à utiliser en fonction de l’heure de la journée et du jour de la semaine, lorsque certaines conditions sont remplies”.
Cependant, d'après une étude retraçant l’historique du survol de la Région de Bruxelles-Capitale réalisée par l’ULB, “il est important de garder à l’esprit qu’il s’agit d’un schéma et non de l’utilisation réelle des pistes.” Ce schéma peut notamment varier en fonction des contraintes de vents. À l’aéroport de Bruxelles-National, les pistes préférentielles dominantes sont les 25L et 25R mais aussi la piste 19, qui est utilisée majoritairement la nuit en semaine.
Les seuils de vent
Selon Michel Leclaire, ancien pilote de ligne à la Sobelair, “suivant le gouvernement et les couleurs linguistiques de celui qui est aux commandes de la matière, les procédures varient”.
Les avions sont évidemment construits pour pouvoir voler face au vent. Et, bien sûr, l’appareil a une certaine tolérance aux vents arrière et latéral. Mais lors d’un décollage ou d’un atterrissage, l’Organisation de l’Aviation Civile Internationale (OACI) conseille un maximum de 5 noeuds (à peu près 10km/h) de vent arrière et 15 noeuds (plus ou moins 30 km/h) de vent latéral. Or, en Belgique, les normes sont fixées 7 noeuds sans rafale pour un vent arrière et jusqu’à 25 noeuds pour un vent latéral.
Utilisation des pistes
Quand le vent arrière dépasse 7 noeuds (rafales incluses) ou que le vent latéral dépasse 20 noeuds (rafales incluses), les avions ne peuvent plus utiliser les pistes préférentielles 25R et 25L. Les raisons évoquées sont principalement sécuritaires.
Ce sont alors les pistes 07L et 07R et/ou 01 qui sont utilisées. Par vent du sud, c’est la piste 19 qui sera activée.
Chapitre 4
La tour de contrôle
Surplombant les pistes de Zaventem, la tour de contrôle s’offre une vue à 360 degrés sur l’aéroport et les communes avoisinantes. Sur le site se côtoient trois acteurs importants : Skeyes (ex-Belgocontrol) qui est l’organisme chargé du contrôle aérien en Belgique, le Service de Médiation fédéral et l'aéroport lui-même.
Le Service de médiation fédéral
Depuis 2002, ce service a trois missions, définies par un Arrêté royal.
1. Recueillir et diffuser les informations relatives aux trajectoires suivies et aux nuisances occasionnées par les avions utilisant l’aéroport en fonction des plaintes reçues.
2. Réceptionner et traiter les plaintes et suggestions des riverains. Ces plaintes servent en priorité à “ce que les gens transfèrent leur colère sur nous. Nous avons un rôle de punching ball”, explique Philippe Touwaide, le directeur du service de médiation. Mais de manière concrète, comment sont traitées ces plaintes et quel genre de solutions engendrent-elles ? Prenons l’exemple d’une habitante de Schaerbeek survolée un dimanche après-midi par un gros Boeing au décollage. Elle décide de remplir un formulaire via le site internet du service de médiation. La plainte est considérée comme recevable et elle est également fondée, puisque le service a pu vérifier que l'avion est bien passé au-dessus de l'habitante. Une réponse lui sera donc envoyée, expliquant pourquoi l'avion est passé par là et quelles sont les mesures que le service a recommandées au gouvernement pour que cela ne se produise plus.
3. Tenir une bibliothèque informative. Cette bibliothèque informative est en fait un site internet, le Brussels Airport Traffic Control (BATC), qui a été développé par Skeyes et Brussels Airport. C’est sur ce site que les deux organismes informent les citoyens sur l’utilisation des pistes en usage à l’aéroport.
Malheureusement, selon le professeur d'acoustique Jean-Louis Migeot, le service de médiation est “une organisation qui ne fonctionne pas et qui ne joue pas suffisamment son rôle. Il vaudrait mieux mettre en place une autorité indépendante comme en Wallonie”.
Skeyes
Selon le site internet de cet organisme fédéral, “Skeyes assure la sécurité et l’efficacité du trafic aérien en Belgique, 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7. Les contrôleurs aériens de Skeyes guident plus de 3.000 avions chaque jour, soit plus d’un million de mouvements de vol par an”.
Brussels Airport
L’aéroport est exploité par une société privée à vocation commerciale, Brussels Airport Company, détenue à 75% par des partenaires privés et à 25% par l’Etat belge.
L'aéroport a publié récemment sa “vision stratégique 2040” où est présentée une approche “équilibrée”. En somme, l'aéroport se dit “conscient de l'impact de ses activités sur l'environnement et souhaite renforcer son rôle dans la région en portant une attention toute particulière à l'impact de ses activités sur les riverains”.
Dans le volet environnemental du rapport se trouvent plusieurs revendications, telles qu'une limitation du bruit à la source (Brussels Airport refuse les avions les plus bruyants), un aménagement et une gestion du territoire et des mesures opérationnelles de limitation des nuisances sonores.
Chapitre 5
Le micmac politique
L’aéroport de Bruxelles-National est situé en Région flamande, à seulement quelques centaines de mètres de la Région bruxelloise. Il est également détenu à 25% par le gouvernement fédéral. Au final, ce sont trois gouvernements qui se partagent le dossier du survol de Bruxelles.
L’État fédéral est compétent pour l’exploitation de l’aéroport ou la réglementation et la gestion de l’espace aérien. Il peut, par exemple, déterminer des restrictions en matière d’exploitation mais aussi de coordination de créneaux horaires. Ces restrictions sont définies par une directive européenne. À ce titre, le gouvernement fédéral exécute également des missions de service public via son organisme de contrôle aérien Skeyes.
La Région bruxelloise, quant à elle, est compétente en matière environnementale. C’est d’ailleurs elle qui a fixé les zones et les normes de bruit maximales dans les 19 communes. Elle est également responsable du contrôle de ces normes.
La Région flamande a mis en place une réglementation environnementale dans le but de limiter les nuisances sonores. Elle n'a toutefois pas instauré de système de normes de bruit.
Les acteurs politiques se renvoient la balle
"Sur le problème des nuisances aériennes, je pense qu’il n’a délibérément rien fait”, estime Frédéric Dobruszkes, chercheur FNRS et maître de conférences à l'ULB-IGEAT, en évoquant le mandat de François Bellot (MR), ministre fédéral de la Mobilité. “Quand il a repris le poste des mains de Jacqueline Galant (ndlr : l’ex-ministre fédérale de la Mobilité), c’était assez clair qu’il n’allait pas prendre de risques”, poursuit-il.
Concrètement, la position du gouvernement fédéral pendant ce mandat consiste à réduire les nuisances sans les déplacer. Pour faire avancer la situation, le ministre compte sur “plusieurs solutions qui seront d'abord technologiques : interdire les avions très bruyants. Elles seront aussi opérationnelles, en passant du guidage au sol au guidage satellitaire. Il y a aussi des mesures juridiques comme adapter le cadre légal du survol, et notamment des normes de bruit.”
Le ministre prend en exemple l’aéroport de San Francisco. “En appliquant ce qu’on appelle la 'descente continue', le guidage satellitaire et en interdisant dorénavant les avions très bruyants, ils ont réduit l’impact sonore sur les populations de plus de 60%. Ce sont des mesures que j’ai prônées mais qui n’ont pas fait l’objet d’accords, même au sein du gouvernement bruxellois qui souhaite à la limite une no-fly zone.”
Céline Fremault, ministre bruxelloise de l'Environnement, ne partage pas ce point de vue.“J’ai toujours voulu qu’une logique, qui se fait dans tous les aéroports du monde, puisse se mettre en place : qu’on puisse survoler les zones les moins densément peuplées. Or, vous avez un survol intensif de Bruxelles qui continue à se développer alors que vous avez une capitale qui, elle aussi, continue à s’étendre. Ce n’est pas parce qu’un aéroport est à une dizaine de kilomètres de Bruxelles que l’on doit accepter une situation de survol si importante. Toute une série d’avions continueront à survoler Bruxelles. La seule question est de savoir à quelle hauteur et avec quelle nuisance pour les riverains,” explique la ministre.
“Dans ce dossier, on est vraiment passé à une politique de tolérance zéro au sens premier du terme puisque j’ai supprimé la circulaire administrative qui permettait aux compagnies aériennes d’avoir encore une zone de tolérance par rapport aux infractions", poursuit Madame Frémault. "Alors, depuis cinq ans, je n’ai eu de cesse de réclamer ce qui était dû via des contraintes fiscales aux compagnies aériennes si elles rechignaient à payer ce qui leur était demandé au fédéral par rapport aux astreintes. Maintenant l’Etat fédéral est responsable aussi et donc c’est vrai que, pendant cinq ans, j’ai énormément attendu que le dossier puisse avancer, se débloquer et ça a été un échec total du gouvernement fédéral. C’est un échec aussi du Mouvement Réformateur puisque celui-ci s’était engagé en 2014 à résoudre la situation du survol de Bruxelles.”
“Il y a des astreintes et nous sommes obligés, dans un Etat de droit, de respecter les décisions de justice”, concède François Bellot en évoquant l'astreinte de 270.000 euros exigée par la ministre bruxelloise de l'Environnement en mars dernier. Il évoque cependant “plusieurs décisions judiciaires contradictoires” ainsi qu'un “imbroglio juridique” qui empêchent actuellement le versement de ces amendes par le fédéral.
Chapitre 6
Tour de piste des solutions
Dispatching des vols
Pour certains, comme la Schaerbeekoise Ghislaine Weissgerber, il faudrait limiter l’exploitation de l’aéroport. “Soit en instaurant des quotas de jour à l’image des quotas de nuit qui ont été mis en place. Soit en distribuant les activités Cargo à Liège, à Anvers ou à Ostende. Les low-cost pourraient, eux, être redirigés vers Charleroi”, estime-t-elle.
Concentration ou dispersion ?
Certains experts s'accordent sur une politique de concentration des vols au départ de Bruxelles. Pour l'ancien pilote Michel Leclaire, il faudrait une concentration à courte distance. L’idéal serait de dégager les zones les plus habitées en mettant des points de concentration dans deux zones relativement vierges d’habitations (celles de Vilvorde à Malines et de Tervuren à Louvain). “Une dispersion suivrait ensuite cette concentration, avec des voies spécifiques pour les avions gros porteurs”, termine-t-il.
“C’est un débat que je n’aime pas beaucoup car les concepts (ndlr : de concentration et de dispersion) sont mal définis puisque très relatifs”, déclare Frédéric Dobruszkes.“Pour l’instant, nous sommes dans une situation de dispersion puisqu’il y a six axes. Nous pourrions aller vers une concentration avec des routes qui suivent des trajets à moindre densité. Nous pourrions également concentrer les routes dans les premiers kilomètres. Il y a donc différents degrés possibles dans la dispersion et la concentration”, conclut-il.
Un dossier décisif pour la Belgique ?
Les parties en présence parviendront-elles à s'entendre pour que les nuisances touchent moins de citoyens ? La saga, qui dure depuis de nombreuses années, aura-t-elle bientôt une fin ? Beaucoup en doutent.
“Si ce dossier du survol n’avance pas, c’est parce que ça provoquerait une crise institutionnelle majeure, qui pourrait aller jusqu’à faire exploser la Belgique. Charles Michel, au début de son mandat, a bien dit que le survol de Bruxelles ne méritait pas une crise gouvernementale”, se souvient Ghislaine Weissgerber, l'habitante de Schaerbeek. “C’est un dossier tellement émotionnel, tellement sensible et technique qu’on marche sur des oeufs. Avant, le survol de Bruxelles était le deuxième dossier périlleux du gouvernement avec BHV. C’est devenu le premier aujourd'hui”, explique pour sa part le médiateur Philipe Touwaide.
Pour Michel Leclaire, ancien pilote, “aucun plan politique n’est le meilleur puisque chacun défend toujours sa politique locale. De plus, on a fort compliqué les choses avec la régionalisation en Belgique”.