Box Bunny, la lunch box au secours des parents

©Alexis Haulot

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Des pique-niques frais, sains et équilibrés, issus d'une production locale et raisonnée et directement livrés dans les écoles. C'est l'idée de "Box Bunny". Nous avons suivi la jeune entreprise, à quelques jours de sa première rentrée des classes.

Reportage 

Valentine Van Vyve

Vendredi, 7h30. Le contenu du frigo est réduit à peau de chagrin. Quelques tranches de fromage font de la résistance. Elles feront bien l’affaire et sont coincées ni une ni deux entre deux tranches de pain. La boite à tartine est ainsi bouclée et les enfants envoyés à l’école. “Combien de parents ne sont-ils pas pressés par le temps, dépassés par les taches à effectuer le matin ? Combien de parents ne sont-ils pas en manque d’idée lorsqu’ils préparent le lunch de leur bambin ?” C’est en entendant leur entourage leur relater ces faits que Ludovic van Laethem et Amélie Mertens se disent qu’il y a une solution à apporter à ces tracas du quotidien. “On s’est demandé comment on pourrait leur permettre de mener plus aisément leur vie de parents, sociale et professionnelle”, se souvient Amélie.

Ludovic van Laethem et Amélie Mertens se fournissent directement auprès de citoyens gérant leur production de manière durable.

Ludovic van Laethem et Amélie Mertens se fournissent directement auprès de citoyens gérant leur production de manière durable.

Après un temps de réflexion, nourrit par le microcosme des start-up londoniennes, leur idée prend forme autour de leur passion : la cuisine. Ce lundi de rentrée scolaire, ils lancent “Box Bunny”, un service de livraison de boîtes à pique-nique à Bruxelles et dans ses environs. “Nous sommes un support pour les parents. Nous soulageons ceux-ci une à deux fois par semaine en préparant le matin même et en fournissant, directement à l’école, les boîtes à pique-nique de leurs enfants”, résume Ludovic van Laethem.

Mon boulot, ma passion

"On a tous les deux un parcours assez classique", entame Amélie. Elle est diplômée en Droit. Ludovic, son associé de mari, est ingénieur de gestion. Au-delà de leur formation, ces deux-là ont une passion : la cuisine. Celle-ci a emmené Ludovic à Londres, où il a fait une école de cuisine pendant qu’Amélie continuait à entraîner ses gammes aux fourneaux. "Elle pourrait parler de nourriture pendant des heures", commente Ludovic. A Londres, les start-up autour de l’alimentation pour les enfants se multiplient. "On a compris qu’il y avait un vivier immense", poursuit Ludovic. "Il n’était pas question d’en laisser un sur la touche. Il était évident qu’on se lancerait ensemble", ajoute Amélie.

Avec Box Bunny, ils ont pu bénéficier de l’accompagnement de GreenLab : coaching, gestion de la communication, business plan. Ce suivi de plusieurs mois a "rafraîchi les idées" de Ludovic en même temps qu'il l'a ouvert à de nouveaux concepts. "Il était constamment question d'économie circulaire et collaborative. Cela nous a permis d'intégrer les concepts qui se cachent derrière une idée", explique-t-il. Celle-ci deviendra à ce moment précis "concrète", ajoute Amélie.

Saine, qualitative et consciente

Alors qu’ils préparent plusieurs boîtes test dans leur cuisine bruxelloise, Ludovic et Amélie brassent les quatre grands axes, et autant de valeurs, qui forment la colonne vertébrale de leurs boîtes et qui “donnent du sens au projet”. Le premier est d’ “adapter les recettes aux besoins nutritionnels des enfants afin qu’ils aient de l’énergie pour se concentrer et apprendre”, entame Ludovic.

Les recettes, imaginées par Amélie (“C’est elle, la créative, moi j’assure le côté technique”, glisse Ludovic), sont contresignées par une nutritionniste. “On essaie de sortir de la traditionnelle tartine de pain avec du jambon ou du fromage, qui ne répond pas entièrement aux besoins de l’enfant”, poursuit Amélie en vérifiant la cuisson de ses boulettes de quinoa et de bœuf qui fristouillent dans la poêle.

Celles-ci composeront la boîte test, en même temps qu’un wrap de fromage bio, filet de poulet, crème d’aubergine et crudités ; de brochettes alternant tomate cerise et fromage de vache ; de frites de légumes racines trempées dans une crème de carotte et de coco.

Produits inconnus, univers familier

Si ces mets réunis constituent un repas complet et de qualité, aiguiseront-ils les papilles des enfants ? “Il faut trouver l’équilibre entre la découverte de saveurs d’une part et le but premier qu’ils mangent ce qui se trouve dans leur boîte à pique-nique, commente Amélie. L’aspect visuel joue un rôle essentiel. En déclinant les produits sous forme de brochette, de burger ou de frites, on les ramène à un univers qu’ils connaissent”, poursuit-elle avec malice.

“Les enfants ne prennent pas de gants et ne font pas de cadeaux.”
Amélie Mertens, co-fondatrice de "Box Bunny"

Mais avec une dose de créativité, panais, potirons et choux de Bruxelles devraient trouver grâce à leurs yeux. Ces produits, les fondateurs et gestionnaires de Box Bunny les veulent issus d’une “agriculture durable, raisonnée et responsable. Des produits locaux et de saison dont on connaît la manière de travailler des fournisseurs”.

Propriétaires d’une ferme dans le Brabant Wallon dont les habitants exploitent 70 ares pour le maraichage, c’est là que se fourniront en partie Ludovic et Amélie. Pour le reste, des partenariats doivent encore être conclus avec des enseignes bruxelloises de vrac et de bio, dont “(ils) partage la philosophie”, et qui ont le double avantage d'être à proximité et de disposer d'une gamme plus large de produits.

Ferme familiale : retour vers le futur

Basilic pourpre, ail chinois, fleurs de courgettes, capucines côtoient carottes, panais, choux de Bruxelles et aubergines. Sous la serres, les petites tomates jaunes en forme de poire poussent à côté de leurs homologues rondes et rouges. "Ce n’est pas à proprement parler de la permaculture. Mais on y retrouve certains principes, explique Camille, responsable du potager de cette ferme de Beauvechin. Par contre, tout est produit de manière biologique", poursuit-elle. Certes, la dizaine de jeunes adultes qui habitent et gèrent le lieu n’ont pas l’agrément "bio", mais ici, pas de pesticide. "Nous connaissons leur manière de produire et cela nous suffit", commente Ludovic van Laethem.

Ici, on arrose les légumes avec l’eau de pluie récupérée des toits. Les chèvres servent à la production de fromage et leur déjections sont utilisées comme fumier pour les cultures. Cochons et poules alimentent en viande la dizaine d'exploitants-habitants, tandis que les arbres fruitiers sont disposés ci et là. "On fonctionne en circuit fermé. L'idée étant d'utiliser tout ce que l'on a", précise Xavier, responsable de la quinzaine de chèvres.

C’est donc dans cette ferme que s’approvisionnera Box Bunny. "Tout est là. C'est fantastique de pouvoir mettre à profit ce lieu dans lequel j'ai grandi", se réjouit Ludovic.

“Un élément réellement novateur et auquel on tient beaucoup, c’est l’aspect réutilisable”, ajoute Ludovic. Pour ce faire, le duo utilise des boîtes en inox. So cela alourdit l'organisation logistique, "c'est un choix cohérent avec le reste du projet", précise l'entrepreneur, ajoutant que c'est aussi un moyen d'atteindre, à terme, l'objectif du zéro déchet.

Le pique-nique est prêt à être dégusté. La boîte, en inox, sera réutilisée.

Le pique-nique est prêt à être dégusté. La boîte, en inox, sera réutilisée.

Enfin, pour que l’impact du projet soit le plus grand possible, Box Bunny voudrait développer des activités de sensibilisation aux enjeux de santé et environnementaux et aux défis qu’ils posent en relation avec l’alimentation. Cela se ferait par le biais de visites à la ferme, d'ateliers de cuisine, de jeux ludiques,...

“L'aspect participatif peut favoriser le changement de comportements à long terme.”
Amélie Mertens, co-fondatrice de "Box Bunny"

En attendant de développer ce dernier axe, le duo de cuisiniers start-upers continue de démarcher des écoles qui pourraient leur donner accès aux élèves. A présent, cinq établissements leur ont officiellement ouvert leurs portes. “L’idée n’est pas d’être un concurrent des cantines scolaires mais d’être complémentaires”, insistent Ludovic et Amélie. À l’école, il n’est demandé rien d’autre qu’une légère aide logistique : réceptionner, distribuer et récolter les boîtes. Et signaler aux parents que cette option existe.

Vidéo : Valentine Van Vyve

Photos : Alexis Haulot

"Eviter les coups de pompe"

Pascale Luyts, Nutrithérapeute, organise des "ateliers lunch box" à destination des parents. Quelques jours avant la rentrée scolaire, ils se sont bousculés au portillon pour bénéficier des trucs et astuces afin de varier les plaisirs et de "ravir les yeux et les papilles" de leur progéniture.

Quels sont les besoins nutritionnels des enfants ?

À midi, les enfants ont besoin de glucides, de protéines, de beaucoup de légumes et d'une petite dose de matière grasse, mais des "bonnes" graisses. On trouve les glucides dans le pain ; traditionnellement les protéines se retrouvent dans le fromage et la charcuterie. Mais aussi dans le poisson, le poulet et les œufs.

Quelle est la composition idéale d'un pique-nique ?

La répartition idéale est la suivante : 1/4 de protéines, 1/4 de glucides et 1/2 de légumes. Ces derniers sont primordiaux. On peut jouer avec la forme : des bâtonnets ou des tranches à tremper dans des sauces « dip » (par exemple du guacamole, du pesto ou du houmous). Les wraps, aussi, sont plus ludiques d'une part, mais permettent d'autre part de rajouter une série de choses, notamment des crudités. C'est un atout très agréable pour l'enfant.

Pour les glucides, que l'on retrouve dans les céréales (et donc dans les déclinaisons du blé), idéalement, il faut privilégier les céréales complètes plutôt que le classique pain blanc. On peut varier entre les produits céréaliers : plain complet, tortilla, pâtes, riz, quinoa, boulgour, crackers. Que l'on associe a une légumineuse (pois chiche, lentilles, haricots blancs, rouges ou noirs,...). En ce qui concerne les protéines, varions avec du saumon ou du thon.

Enfin, je recommande de ne pas mettre de sucreries dans la boîte. Ceci pour éviter les coups de pompe de l'après-midi. En effet, les sucres rapides engendrent un pic d'hyperglycémie puis d'hypoglycémie, lors duquel la concentration et l'éveil baissent et l'irritabilité augmente. Au contraire des protéines, qui favorisent le maintien de la concentration.

Un conseil que je donne, et qui permet en plus un gain de temps substantiel et important, c'est de cuisiner en plus grande quantité la veille et d'utiliser les restes en guise de lunch.

Comment susciter l’envie de manger ?

Le jeu sur le visuel a sa place pour favoriser la consommation d'alimentation saine et équilibrée chez l'enfant. Plus il voit de couleurs, plus il éprouve du plaisir à ouvrir sa boîte à tartine et à manger ce qu'il y trouve. On peut revisiter la forme : faire des tartines en forme de sushi, confectionner toutes sortes de brochettes de légumes et de protéines en y mélangeant tomates, raisins, morceaux de fromage ou de poulet.