"Food & Pleasure",
l'art du bien manger pour mieux
se sentir au boulot
Les employés du Grand Hôpital de Charleroi ont troqué la blouse blanche contre le tablier dans le cadre des animations culinaires "Food & Pleasure". Une heure de découverte, de préparation et de dégustation pour se rendre compte des bienfaits d'une alimentation saine sur les performances professionnelles.
Mais aussi et surtout pour renforcer les liens.
Reportage
« Vous pouvez enfiler votre tablier ! » annonce Stéphanie Neerdael à la dizaine de personnes rassemblées dans une petite salle du deuxième étage du Grand Hôpital de Charleroi. Les employés s'exécutent. Leur temps de midi, ils le passeront à cuisiner. Puis à manger.
Une heure en compagnie de Stéphanie Neerdael et de sa « nourriture plaisir » pour se pencher sur l'alimentation saine et de saison et retrouver le plaisir de bien manger. « Cette activité s'intègre assez logiquement dans le milieu hospitalier », commente Hélène Bouveroux, responsable de la cellule sport et bien-être de l’hôpital carolo.
Il y a un an, c'est elle qui a contacté la fondatrice de « Food & Pleasure » dans le cadre d'activités liées au bien-être - personnel et au travail - qu'elle organise pour les employés des cinq sites appartenant à l'institution. Des cours de photo, d'aromathérapie, des massages, du jardinage ou encore de la course à pied... Le personnel a le choix.
« Il n'est pas compliqué de se faire plaisir et de manger de bonnes choses, entame la spécialiste en alimentation durable. Le tout est de se poser ces questions : quelle est la saison ? Quels sont les produits qui lui sont propres ? »
Pour
ce quatrième atelier au Grand hôpital, Stéphanie Neerdael a prévu un menu bio - comme à chaque fois - étudié selon ses apports nutritifs : des salades de betteraves et carottes agrémentées
d'une vinaigrette au sirop d'érable et de graines de sésame. Le tout accompagné de blé, de fromage de chèvre et d'asperges et, pour couronner le tout, d'un pistou d'épinards.
Les animations ludiques de Stéphanie et Gloopy
« Food & Pleasure » ne se limite pas à des ateliers à destination d'adultes dans le contexte de l'entreprise. « Ces animations-là n'occupent que 30 % du temps », détaille la fondatrice de l'association, Stéphanie Neerdael. Le reste de son agenda est en fait consacré à des animations à destination d'enfants de 4 à 7 ans et à leurs parents.
Après une dizaine d'années en entreprise dans les relations humaines, cette diplômée de l'Ichec, qui était aussi responsable d'un magazine culinaire, a lancé le programme éducatif «
Food & Pleasure ». L'objectif de cette maman soucieuse de l'alimentation de sa propre famille est de sensibiliser à l'alimentation durable dès le plus jeune âge. Et de manière ludique.
Accompagnée de sa marionnette « Gloopy », Stéphanie Neerdael anime depuis quatre ans des « ateliers d'éveil des cinq sens au fil des saisons ».
L'attention toute particulière qu'y portent aussi les parents rencontrés à l'occasion de ces ateliers l'a poussée à développer le projet initial et à l'ouvrir à un public
adulte. Gloopy a donc troqué le bavoir dont il est affublé pour une cravate et une boîte à pique-nique. C'est ainsi qu'il y a deux ans, les « lunchbox » voyaient le jour : des animations
culinaires sur le lieu de travail des participants.
Si les prix sont variables en fonction de la taille des groupes et de la récurrence des ateliers, il faut compter en moyenne 35 euros par personnes et par animation.
« On ne sait pas prédire comment le projet se développera, commente l'entrepreneuse. Mais ça prend une tournure imprévue ». Aujourd'hui, six personnes travaillent pour « Food & Pleasure ».
Chaque produit est présenté en sollicitant au mieux les cinq sens. Coupées en lamelles, les asperges belges sont « juteuses, fraîches et croquent sous la dent ». « Elles sentent le printemps »,
commente une participante. Quant aux betteraves, Isabelle estime qu'elles sont « une œuvre d'art ». Tranchée à cœur, la couleur rosée est interrompue par des nuances blanches.
Si les employés de l'hôpital découvrent de nouveaux produits, c'est aussi et surtout des manières de cuisiner et de découper les légumes qui leur sont soufflées.
Un lunch sain en 20 minutes
Olivier, Isabelle, Marie et les autres se mettent au travail. Ils ont une vingtaine de minutes pour réaliser les trois plats qui composeront leur lunch. « Je ne suis pas paresseuse, mais si ça peut aller vite, tant mieux », avait annoncé Stéphanie Neerdael à l'entame de l'atelier. La composante temps est primordiale, dans cet atelier, mais aussi et surtout pour que ce qui y est appris puisse s'intégrer dans le quotidien des participants.
« Contrairement aux habitudes de la plupart d'entre nous, il est important de prendre le temps de s'arrêter, de manger convenablement », explique la coach.
Je suis convaincue des bienfaits d'une alimentation saine pour la performance professionnelle.
« Préparer un déjeuner sain ne prend que quelques minutes », insiste Stéphanie Neerdael. Et elle compte bien le démontrer.
« Que faut-il faire maintenant ? Ah, mettre des herbes ! », entend-on ici. Les participants suivent scrupuleusement les recettes étudiées en amont par la nutrithérapeute Sarah Berckmans.
« Je prends des cours de cuisine », explique Aymeric. Ce comptable en est à sa deuxième participation. « On cuisine d'autres produits et on sort ainsi de notre zone de confort »,
dit-il tout en coupant la betterave avec la mandoline. « Attention! Nous sommes dans un hôpital, mais tout de même... », avertit Stéphanie Neerdael dans une ambiance bon enfant.
Olivier n'en pense pas moins : « On apprend quelque chose de complètement différent », se réjouit cet employé en pharmacie.
« Je m'appelle Marie, je suis contrôleuse de gestion »
« Ça y est. On va se mettre à table ! », se réjouit Marie. Les cuisiniers en herbe prennent place autour d'une large table carrée au centre de laquelle trônent fièrement les salades colorées, et entament un tour des prénoms et des fonctions de chacun. Au-delà de l'aspect alimentaire, « ce genre d'activité sert de team building », explique Hélène Bouveroux. Les employés des différents sites s'y rencontrent, parfois pour la première fois.
« C'est un chouette moment de rencontre et d'échange. »
« Christian dit qu'il vient de manger de la salade pour l'année ! », lance sa voisine, provoquant les rires. « C'est vrai que je ne suis pas habitué, mais c'est délicieux », réplique-t-il timidement.
Si les conversations se poursuivent autour de l'alimentation et des trucs et astuces de chacun, elles ne s'y limitent pas.
« C'est l'occasion d'échanger sur d'autres sujets, de se rassembler. Cela renforce la cohésion d'équipe. »
La coach considère cette activité comme une manière de « prendre soin de soi en mangeant sainement et en s'accordant un temps de pause tout en allant à la rencontre de l'autre ».
Photos : Olivier Papegnies
Vidéo : Johanna Pierre
