KidsBox
Jouets durables à louer
pour enfants gâtés
Finis les jouets qui s’entassent, les sommes folles dépensées pour une utilisation parfois temporaire ou très occasionnelle.
Le jeu pour enfant entre dans l’économie de partage, où il est plus important d’expérimenter que de posséder.
Reportage
À chaque ouverture, c'est l’excitation. Puis la surprise. Pour sa troisième boîte en autant de mois, Ignazio a choisi le thème des métiers. Petit bonus, en plus des trois jeux, il a reçu un déguisement de cuisinier qu’il adore. « Il m’imite. On prépare le dîner ensemble », commente Clélia, sa maman. Coiffé de sa toque de chef, Ignazio s’attelle à l’ouvrage. Pas longtemps. Le garçon est dans une forme olympique malgré ses premiers jours d’école. Il empoigne lui-même sa « boîte du petit garçon » et l’ouvre pour montrer les trésors qu’elle renferme. « Regarde, y’a ça aussi ! », s’exclame-t-il, comme s’il découvrait pour la première fois ces jeux avec lesquels il a joué pendant un mois. Bientôt, il devra les rendre mais il en recevra d’autres. « Ils sont éducatifs et ludiques », précise Clélia, ravie.
Le concept des boîtes existait déjà dans de nombreux domaines : alimentation, vêtements… Avec KidsBox, ce système de location se décline désormais dans sa version jouets.
Trois cadeaux par mois
Des boîtes sur-mesure. Depuis son lancement au début de l’année, les boîtes de KidsBox ont déjà été distribuées à 260 reprises à des enfants âgés de 0 à 8 ans. « Elles sont adaptées à l’âge et aux intérêts de l’enfant », précise la fondatrice, Dominique Bissot. Pour chaque tranche d’âge, ils ont le choix entre douze thématiques auxquelles correspondront trois jeux : déguisements, jeux de cartes, en bois, de plateau... Après les avoir utilisés pendant un mois, le locataire les renvoie à sa propriétaire avant que celle-ci n'en fasse bénéficier un autre enfant.
Les jeux sont produits en Europe avec des matériaux écoresponsables. Les boîtes sont actuellement livrées au Luxembourg (où elles ont été pensées et conçues), en Belgique et en France.
Des grands-parents aux centres de vacances. « Les boîtes sont destinées aux parents mais sont aussi idéales pour les grands-parents qui ne gardent les enfants qu’à certains moments pour un laps de temps déterminé », vante Dominique Bissot. Celle-ci propose depuis peu la location de ses boîtes aux crèches, médecins, restaurants, hôtels et centres de vacances ou lors d’événements.
Et les ados. « On pourrait imaginer de faire évoluer le concept pour s'adresser à des enfants plus âgés », rêve notre interlocutrice. Et ainsi amener une « alternative à la tablette » pour les jeunes ados, comme les jeux de plateau, à jouer en famille.
Un jouet, des dizaines de vies
Kidsbox s’inscrit dans de nouvelles habitudes de consommation autant qu’il entend les insuffler. « Il s'inscrit clairement dans un nouveau mode de consommation participatif à la Airbnb, BlaBlaCar : consommer moins, mieux, de manière conviviale et personnalisée », résume Cindy, maman de cinq enfants. « De plus en plus de personnes sont en rupture avec les modes de consommation traditionnels, analyse Dominique Bissot. C’est particulièrement le cas de la génération des 25-35 ans, adepte de l’économie de partage ». Avec Netflix, Spotify, cite-t-elle en exemple, ils « utilisent plus qu’ils ne possèdent », poursuit la fondatrice de KidsBox.
« À l'heure où il semble évident que limiter notre consommation de manière générale est indispensable, pouvoir offrir des jeux variés et de bonne qualité à son enfant via un système de location est une bonne alternative. »
C’est « clairement » la raison principale de son engagement avec KidsBox. Thibault abonde : « Nous tentons de réduire notre impact environnemental et la quantité de déchets que nous générons. » Et cela passe notamment par une consommation responsable de tous les membres de la famille, enfants compris, tout en conservant « l’attrait pour la nouveauté », souligne Dominique Bissot. « Ce système nous permet de faire entrer les enfants dans un nouveau mode de fonctionnement plutôt que d’adopter l’achat systématique », commente Anne, mère de jumeaux. Dans ce système, le jouet peut avoir plusieurs dizaines de vies ! Et ce « contrairement à tous ceux avec lesquels Ignazio n’a joué qu’une seule fois », complète Clélia en montrant derrière elle, « la caverne d’Ali Baba », un débarras rempli de jouets. « Et mon fils n’a même pas trois ans ! »
Dans les salles de jeu, n’entendra-t-on bientôt plus le classique « C’est à moi » ? Avec KidsBox, une chose est claire, l’enfant partage plus qu’il ne possède. « L'enfant apprend que l'intérêt n'est pas de posséder des choses mais d'en profiter à un instant T », motive Cindy. « Ignazio sait qu’il reçoit un jeu d’un autre enfant et qu’il le donnera à son tour. Il apprend à partager et à prendre soin des objets qui lui sont prêtés », abonde Clélia.
Pour Dominique Bissot, la location est aussi une réponse aux petites habitations citadines. « Dans des petites surfaces habitables, il est vite inconcevable d’accumuler encore et encore des objets », souligne-t-elle. Le fils de Thibault a un an et « semble avoir besoin de beaucoup de diversité ». L’atout de ce système de location, « c’est l'absence d'une montagne de jouets à gérer quand il se lasse ».
« Nous avons fait le constat de caisses à jouer qui débordent de jeux inutilisés, dont les enfants se désintéressent non par usure du jeu mais par lassitude et désintérêt. »
Clélia y voit « une solution au modèle de surconsommation dans lequel nous ont éduqués nos parents ».
Le jeu dans l'économie circulaire
Il est un aspect à ne pas négliger, le volet financier. Et là, avance Dominique Bissot, les économies sont importantes. « Il est difficile de trouver des jouets de cette qualité neufs dans le commerce en payant ce prix-là », appuie d’ailleurs Thibault. Le coût - dégressif - varie en fonction de l’abonnement (mensuel, trimestriel, semestriel ou annuel). Pour une boîte de trois jeux, il en reviendra à 25 euros.
Surtout, la fondatrice de KidsBox souligne l’impact environnemental d’un tel système.
« On fait entrer le secteur du jeu dans l’économie circulaire. »
Ceux qui remplissent ses boîtes, à l’exception d’un seul jeu, sont produits en Europe ; ils sont faits en bois ; ils suivent des filières durables. « Aucun n’est en plastique », tient à souligner Dominique Bissot. « Ceux là sont d’ailleurs moins résistants. » Parce qu’ils passent de main en main, la solidité est un critère essentiel. « En d’autres mots, rent is the new buy », résume la fondatrice de KidsBox.
Une boîte et des valeurs
Outre l'éducation à une consommation plus responsable, les jouets sont porteurs de valeurs. « L’enfant sait qu’il a reçu un jouet en bon état et qu’il doit faire son possible pour que le suivant ait la même chance. Il apprend à en prendre soin... », étaye Dominique Bissot. Ce n’est pas tout. « Je prête une attention particulière à l’égalité de genre », souligne-t-elle.
« L’enfant se nourrit de ce qu’il trouve dans son environnement. Le jouet peut contribuer à casser les codes. C’est une manière d’apprendre. »
Au fil des boîtes, Cindy a remarqué que « le jeu incite à la discussion entre les parents et les enfants sur les aspects qui lui sont sous-jacents : l’égalité, l’écologie... ». « Ce sont des apprentissages qui arrivent tôt mais que l’on est ravi d’intégrer à l’éducation de notre enfant. Le jeu est un moment précieux de partage quotidien », conclut Clélia.
Vidéo : Valentine Van Vyve