Arrêt temporaire

Immersion dans la gare du Nord, carrefour de la migration

De prime abord, c’est un lieu de passage. Des milliers d’individus s’y croisent quotidiennement, le pas pressé, pour attraper leur train, leur tram, leur bus, pour retrouver leur travail ou leur chez-eux. La gare du Nord est aussi un lieu de vie, où évoluent commerçants, restaurateurs et autres guichetiers, de leur prise de service à leur pause déjeuner. Dans ce mouvement constant, cet éternel flux, certaines personnes semblaient figées. On parlait beaucoup d’elles, sans vraiment les voir. Depuis plusieurs années, des centaines d'exilés avaient pris la gare comme refuge. Depuis leur arrivée en nombre au sein du bâtiment, beaucoup de choses ont changé. Ils pensaient n’être que de passage. Mais, pour beaucoup, la gare était devenue un cul-de-sac. Ou, du moins, un arrêt temporaire.

Ici, plusieurs communautés de Soudanais, d’Erythréens ou encore de Libyens s'étaient formées. La gare était l'un des points-clés pour ceux qui arrivent en Europe, tout comme Calais. Il faut dire, l’endroit est un lieu de transit : de nombreuses compagnies de bus et plusieurs trains internationaux y font arrêt. Cela ouvre des possibilités de se rapprocher de l’Angleterre, l’Eldorado pour la majorité des exilés.

Chaque nuit, certains tentaient leur chance. Beaucoup revenaient déçus, soit d'eux-mêmes, soit escortés par la police qui les ramenait inlassablement à la gare, après avoir émis un énième avis d’expulsion. Chaque nuit, ils étaient entre 150 et 250 à dormir dans ce qu’on appelle le "niveau zéro", un sous-sol relié à la gare.

Mais, le 17 mai dernier, la police a reçu l'ordre d'évacuer temporairement tous les migrants et de les répartir dans des centres pour sans-abri. 140 places d'accueil temporaires ont été trouvées pour qu'ils puissent être logés dans des conditions sanitaires acceptables.

Nous étions présents sur place les jours qui ont précédé cette grande évacuation. Notre but : comprendre comment la migration a affecté la gare du Nord dans son ensemble. Sous tous ses aspects. Comprendre, mais aussi montrer et informer sa réalité, à travers le prisme humain.

Plongée dans la gare et ses environs juste avant que la décision d'évacuer les exilés ne tombe.

(Ce reportage s'inscrit dans un partenariat entre LaLibre.be et le Bruxelles Bondy Blog (BBB), un site produit par des jeunes et des étudiants en journalisme de l’Ihecs)

Pour commencer la navigation, cliquez sur un des onglets rouges de la carte aérienne de la gare.