Au fil du Nil,
tranquille...
L’Égypte : une destination au patrimoine culturel magnifique qui fait rêver, un musée à ciel ouvert. L’Égypte : un mot qui fait aujourd’hui réfléchir à deux fois le candidat au voyage, tant le pays a été bousculé depuis le printemps arabe en 2011. “La situation en Égypte en 2018 a été calme jusqu’à présent. L’état d’urgence (déclaré en avril 2017) reste cependant d’application, indique l’avis de voyage des Affaires étrangères belges. Vu la menace terroriste sérieuse prévalant pour toute l’Égypte, une vigilance accrue est recommandée et ce, même dans les régions touristiques.” Seuls “les voyages dans le nord du Sinaï, le Désert occidental et les frontières avec la Libye et le Soudan sont déconseillés”. Et c’est précisément cet avis de voyage que suivent les voyagistes, et que sont invités à consulter les amateurs eux-mêmes avant de partir.
C’est sûr, les prix proposés sont évidemment attrayants. Et sur place, les forces de l’ordre sont bien présentes… mais les touristes pas très nombreux.
Même si le pays se réjouit de la reprise du secteur affichée l’an dernier, avec 8,3 millions de visiteurs, et confirmée sur la première moitié de cette année, on est encore loin des près de 15 millions de touristes en 2010.
La ministre du Tourisme indiquait, début octobre, que 160 000 Belges avaient séjourné en Egypte entre janvier et fin août, pour 90 000 pendant toute l’année précédente. Pour les vacances de Toussaint, le groupe Tui précisait que le nombre de vacanciers belges doublait cette année par rapport à la semaine de Toussaint 2017 qui avait déjà enregistré “de très bons résultats”.
Reste que sur le Nil, les bateaux ne sont pas légion. On parle d’un bateau sur 10 en activité seulement. D’habitude, un premier se range contre le quai, les suivants se collent les uns contre les autres à sa suite et les passagers passent de l’un à l’autre. Pour l’heure, ils sont seuls, ou deux maximum. Pour l’heure, le Nil est un long fleuve tranquille et il s’avère tellement agréable d’en profiter...
Louxor, à 660 km du Caire. C’est la première escale d’une croisière de 220 km qui nous mènera jusqu’à Assouan. De quoi redonner confiance en la destination à la soixantaine d’agents de voyages que l’Upav (qui regroupe plus de 350 points de vente en Wallonie et à Bruxelles) a embarqués à bord.
A Louxor donc, les autorités égyptiennes, qui ne ménagent pas leurs efforts pour redorer l’image touristique de leur pays, nous offrent le temple sur un plateau… d’argent.
A la nuit tombée, l’obélisque (l’autre orne la place de la Concorde à Paris) et cinq monumentales statues illuminées de Ramsès II trônent devant le pilône (alias le gigantesque portail) d’entrée et l’enfilade de colonnes que l’on aperçoit dans l’allée centrale.
En fond musical : Aïda. Grandiose. Bienvenue au pays des pharaons!
De Louxor à la Vallée des rois, il n’y a qu’un pas. Pour y parvenir, il suffit de franchir le fleuve sur une plus petite embarcation en une dizaine de minutes et de parcourir quelques kilomètres, tout en apercevant au loin le célèbre temple d’Hatchepsout, Deir el-Bahari, et plus loin, les colosses de Memnon. Pas de doute, on touche ici l’histoire. Partout.
Dans la Vallée des rois, 62 tombes ont, à ce jour, été découvertes, dont la petite dernière, le 4 novembre 1922. C’est la KV62 (pour Kings Valley), au contenu presque intact, celle d’un “roitelet”, comme le précise en souriant Maghed, notre guide. “Toutankhamon n’a en effet régné que 10 ans maximum et quand on voit les trésors que renfermait sa tombe, on ne peut qu’imaginer ce qu’étaient celles des autres pharaons, qui ont régné plus longtemps,… avant d’être toutes pillées.”
À l’heure actuelle, le site est désert. À peine aperçoit-on quelques rares groupes de touristes. Difficile d’imaginer que des millions et des millions de touristes ont déjà visité cette Vallée mythique. Les infrastructures sont presque inexistantes. Et tant mieux. Point de terrasses bruyantes, de boutiques de souvenirs à foison. Quelques petits panneaux indiquent seulement l’emplacement d’un escalier qui mène aux tombes.
À l’intérieur, c’est… extraordinaire ! On est dans la tombe d’un pharaon et on se pince… Bienvenue chez Ramsès III et Ramsès IV ! Les parois sont couvertes d’hiérogliphes et de scènes diverses aux couleurs chaudes. Les photos sont permises… moyennant 15 euros.
Deuxième étape : Edfou, pile entre Louxor et Assouan. “Le temple le mieux conservé d’Égypte”, s’exclame Magued.
Construit pendant l’époque gréco-romaine, il est dédié au dieu faucon, Horus. “Son pilône est le deuxième plus grand d’Égypte, derrière Karnak, avec ses 36 mètres de hauteur sur 80 de largeur.”A gauche et à droite, il est orné de scènes jumelles représentant le roi qui maîtrise ses ennemis. “Il faut en tête l’image d’Edfou pour se faire une idée concrète de ce que pouvaient être les autres temples, plus abîmés”.
Dernière étape : Philae, “la perle du Nil”, à côté d’Assouan. “Le seul temple de l’Egypte ancienne à être construit sur une île”, souligne Magued. En juillet 1972, les deux tiers du temple d’Isis sont sous l’eau, coincés entre le petit barrage et le haut barrage. En août débutent les travaux : les bâtiments sont démontés bloc par bloc, “des dizaines de milliers de blocs”, glisse Magued. Avant d’être reconstruits à l’identique, “jusqu’à conserver l’axe qui n’était pas tout à fait rectiligne”, sur l’île voisine d’Agilkia.
Cette opération fait partie de celle qu’on a appelée “la campagne de Nubie”, pilotée par l’Unesco, dont l’objectif était de sauver des eaux 14 temples Nubiens parmi lesquels Abou Simbel. Le “nouveau Philae” fut inauguré en 1980.
Philae demeure une merveille… à découvrir.
“Merci d’être venus en Égypte”, s’exclame, des larmes dans les yeux, Magued à la fin de notre petite croisière. “C’est un symbole que l’Upav soit venue ici.”