Dalida,c'est
l'histoire d'un amour...

Pour le 30e anniversaire de la disparition de Dalida,
Galliera, le musée de la mode parisien,
donne à voir le vestiaire de la grande chanteuse populaire.
Son vestiaire à paillettes dessine en creux ce qu'elle a été.
Aimée par la public,malaimée par le destin.

1958. Dalida et Bambino

© Reporters

Elle a 25 ans, elle est brune à l'époque, l'Italienne qui a grandi au 1954.
Après avoir été élue Miss Egypte la même année, et tourné dans quelques films de série B, elle a choisi de tenter l'aventure à Paris, où elle rencontre Lucien Morisse, le directeur des programmes d'Europe1, et Eddy Barclay, qui possède une maison de disques.

Utilisant la technique américaine qui consiste à passer et repasser seschansons à la radio, Morisse en fait une vedette des ondes.

En 58, portée à la scène par Bruno Coquatrix, qui vient de transformer un vieux cinéma parisien en une salle de spectacle, elle triomphe avec "Bambino". Le public de L'Olympia est conquis.

"Et gratta gratta sul tuo mandolino
Mon petit Bambino,
Ta musiqu' est plus jolie
Que tout le ciel de l'Italie"

La petite robe rouge de son succès n'est pas sans rappeler les rideaux de scène et montre déjà comme sa garde-robe personnelle ne sera jamais éloignée de sa garde-robe de scène.
Dalida a déjà cette aura de star. Cette toilette qui a été faite pour elle par son ami égyptien Jean Dessès lui donne des allures de pin-up.
Taille marquée, épaules dénudées, Dalida incarne déjà une certaine idée du glamour qui ne la quittera plus.

En 1981, la chanteuse se glisse de nouveau dans cette petite robe couleur de feu pour revenir sur les planches de l'Olympia - signifiant ainsi qu'elle ne peut pas vieillir ?..

1973. Dalida et "Gigi l'amoroso"

© Sonopresse

Cette robe blanche signée Balmain ne surprendra pas les lecteurs, tant Dalida a été vue par le grand public dans cette toilette. Elle l'arbore dans l'émission "Domino", en 1973, dans laquelle elle interprète "Gigi l'amoroso", pour la réception du roi Hussein de Jordanie, en 1978.

Dalida est l'une de ces rares personnalités publiques qui a porté et reporté les vêtements qui lui étaient chers, démontrant ainsi que son vestiaire n'était pas anodin.

Une manière de signifier que ce qu'elle porte est tout sauf une histoire de placement de produit –la dérive 0 laquelle on assiste désormais souvent quand on voit le vestiaire des stars et personnes publiques, transformés en 'homme-sandwich'.

La décennie 70 marque un tournant dans la vie de Dalida. Après les malheurs personnels qui ont émaillé son existence – le suicide de son fiancé Luigi Tenco au festival de la chanson de San Remo en 1967 –, Dalida s'est retirée de la scène publique. Elle revient au début de la décennie 70 entourée d'une aura plus grave.

La tonalité de ses chansons a changé, c'est l'époque des grands interprêtes, et elle-même choisit de donner corps aux chansons de Lama, ou Léo Ferré.

>

Ce tournant artistique s'accompagne d'une dramatisation de son vestiaire, elle est désormais cette blonde cendrée qui porte des robes de vestales modernes, parmi lesquelles cette robe Balmain, qui n'est que l'un des nombreux exemples d'un vestiaire en long et immaculé.

Chantant seule face à son public, son orchestre derrière le rideau, Dalida est alors la Madone populaire.

1978.Dalida
et Julio
et François

©Reporters

On est alors en plein dans le disco, une vague musicale dans laquelle Dalida va se fondre avec un vrai talent de performeuse. C'est la grande époque des shows télévisés animés par Maritie et Gilbert Carpentier.
Dalida est souvent la reine de leur émission "Top à" sur l'ORTF, puis "Numéro 1", sur la chaîne "Télévision Française 1".

Dans des décors de scène ronflants, elle prend toute la lumière. Dans un duo avec Julio Iglesias en 1980, où elle chante "La vie en rose", elle apparaît vétue d'une longue robe fourreau à paillettes, comme on lui en connaît tant.

Si elle fait déjà souvent appel à Michel Fresnay, costumier de l'ORTF, elle continue à être fidèle au couturier Azzaro qui lui dessine des quantités de robes de sirènes à paillettes ou encore à Reinhart Luthier qui s'accommode de l'exubérance que sait assumer Dalida, lui qui habille Tina Turner et . Robe panthère, caftans, transparence, et sequins.

Dalida ne se laisse pas dicter son style ni son mode de vie. Et alors qu'elle a vendu en .... près de 85 millions de disques dans le monde (elle est la première à recevoir un disque de diamants) elle ne craint pas de montrer son soutien à la gauche qui monte.

Le jour de l'élection de Mitterand, le 10 mai 1981 elle est à ses côtés sur les photos officielles, lui porte une rose, et elle, est la seule en rose !

1980. Dalida et Mistinguett

© Aurore Vaucelle

Le 27 décembre, dans l'émission "Stars" de Drucker, elle apparaît dans une toilette assez folle, body de velours et cape devolants rose, en chantant :

"C'est vrai que je suis italienne

De naissance égyptienne

C'est vrai, c'est vrai" .

A cette époque, elle est à la fois danseuse et chanteuse. Ces concerts sont des performances qui durent plus de deux heures. Entourée de nombreux danseurs – avec qui elle répète des heures avant le show –, elle a jusqu’à douze changements de costumes. C’est ce genre de représentation qu’elle donne d’ailleurs en 1978 à Carnegie Hall, à New York.
Cet ensemble de scène ci-contre, qui reprend les codes du music-hall, met en lumière la plastique d’une chanteuse qui n’a pas le droit de vieillir, semble-t-il. Son hommage à Mistinguett, à laquelle elle se compare, dit toute la folie du monde à paillettes, mais oblitère les desseins des chanteuses qui avancent en sagesse.

En 1986, elle revient à ses premiers amours : le cinéma. Dans le film de Youssef Chahine, “Le Sixième Jour”, elle n’hésite pas à se vieillir pour le rôle même si, à cette époque, dans la vraie vie, elle ne cache pas que vieillir pour une femme de scène est un destin amer, grevé de solitude.

Le 3 mai 1987, après avoir pris trop de médicaments, elle laisse un mot à son public adoré :

“La vie m’est insupportable. Pardonnez-moi.”

©Reporters