Quand les jeunes se projettent en 2050... et deviennent les acteurs de la transition bas carbone. C'est le défi que leur posent les "coachs climat" de l'association "GoodPlanet" à l'aide d'un outil interactif.
Reportage
Valentine Van Vyve
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"Bonjour, je m'appelle Caroline et je suis coach climat." Pour cette 101e séance dans une école francophone, Caroline Mathieu se tient devant une douzaine d'élèves de l'Institut technique d'horticulture de Gembloux. Au programme de la matinée, une plongée fictive dans la société de 2050 et, surtout, des actions qui auront été prises en amont pour répondre aux défis des changements climatiques.
"Qu'est-ce qu'une transition bas carbone ? Comment fonctionne le changement climatique ? Qu'est-ce que l'effet de serre ? Que sont les énergies fossiles ? Quelles conséquences pose leur utilisation sur le climat, l'alimentation, la sécurité, la santé, l'économie ?"... Une question entraîne une réponse sur laquelle Caroline rebondit, pour jauger les connaissances des jeunes, pour pousser la réflexion chaque fois un pas plus loin.
En bout de course, l'objectif poursuivi est d'amener ces jeunes à se projeter dans ce qui pourrait être leur futur. "Imaginer la société en 2050, créer notre scénario d'une société dans laquelle on souhaite vivre et qui aurait réussi sa transition bas carbone, en diminuant sa production de gaz à effet de serre de 80 à 95 % par rapport à 1990", résume Mathieu.
"Au-delà des actions concrètes que chacun peut entreprendre, et qui sont importantes, nous veillons surtout à proposer une vision macro de la problématique, sous forme de sensibilisation et de pistes d'action pour modifier les comportements", explique Clément Magos, responsable de ce projet au sein de l'association "GoodPlanet".
Jouer avec les leviers de la transition
Changer les comportements et développer des outils technologiques dans une série de secteurs considérés comme autant de "leviers de la transition", ce sont grosso modo les grands axes proposés par le logiciel de simulation utilisé lors de cet atelier (lire ci-dessous). "On remarque que l'un ne va pas sans l'autre", constateront les élèves. Il s'agit de connaître les avantages et les inconvénients de chaque technique suggérée, d'arbitrer la diminution d'énergies fossiles avec les investissements nécessaires pour y arriver.
Gestion et production énergétique (biomasse, géothermie, hydroélectricité, isolation et chauffage), agriculture, consommation alimentaire, industries, transports sont autant de leviers sur lesquels jouer en déterminant chaque fois un degré d'ambition et donc d'investissement. Au fur et à mesure des choix opérés par les jeunes, la barre jaune représentant les émissions de CO2 oscille à la hausse ou à la baisse.
Revenir à la charrue
"Bon, pour l'industrie, c'est chaud ! On va tout arrêter et revenir à la charrue !", commente Adrien avec un brin d'humour. Attention de ne pas la mettre avant les bœufs, met en garde son professeur. Si cet élève a mis en place un "scénario un peu utopique, mais qui sera rentable à long terme", son camarade Daniel explique avoir choisi "un scénario qui n'est pas idyllique, mais réaliste".
"On remarque qu'en moyenne, le Belge consomme deux à trois fois plus de viande que nécessaire, commente Mathieu. On sait que les gaz rejetés par les vaches sont importants et néfastes. On pourrait par exemple remplacer la viande par des protéines végétales, propose-t-il avant que son professeur attire son attention sur l'impact de telles décisions sur le secteur agricole.
"Sans négliger les conséquences pour les producteurs, ils devront s'adapter à ces changements de comportements", lui répond Mathieu, intéressé depuis de longues années, dit-il, par la problématique environnementale.
Ces élèves de 5e et 6e inscrits dans l'option Environnement sont déjà bien au fait des défis liés aux changements climatiques - "plus que la moyenne", glissent Clément Magos et Caroline Mathieu -, ils s'approprient rapidement l'outil et nourrissent le débat de leurs solutions pour limiter l'empreinte carbone globale tout en maintenant une certaine qualité de vie.
Esprit critique et créativité
"On parle de la voiture électrique... mais sa production est polluante,les batteries utilisent du lithium, matière qui doit être extraite,...", soulève Daniel. Cet esprit critique est "nécessaire", commente avec satisfaction Clément Magos.
Pas de solution miracle, donc, mais des pistes de réflexion, des "solutions à imaginer pour faire advenir le changement, explique Caroline Mathieu.
La coach ponctue sur une note positive : "En tant que citoyen, par votre manière de consommer, de travailler, de voter, vous pouvez orienter les institutions dans leurs choix."
Pour Clément Magos, alors que ces jeunes sont sur le point de donner une direction à leur avenir professionnel, l'enjeu de savoir ce qu'ils vont en faire est primordial, d'autant plus que "la plupart des métiers de demain sont à créer", dit-il. "Nous sommes les adultes de demain et nous et nos enfants subirons les conséquences des choix actuels. C'est en changeant les mentalités aujourd'hui qu'on aura des résultats en 2050", ponctue Mathieu.
Photos : Olivier Papegnies/Collectif Huma
Vidéo : Valentine Van Vyve